lundi 30 juin 2025
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Miss Lili – Au cœur de sa transformation

Philippe Ettwiller a toujours eu une part de féminité en lui. S’il a réussi à l’assumer pleinement, c’est notamment en devenant transformiste. Aujourd’hui, avec son Cabaret de Miss Lili, il rend hommage à de nombreuses artistes, en musique, avec humour et talent. Comme une récompense de sa persévérance, le destin lui a ouvert les portes d’une institution, il sera présent au Cabaret Colmarien de la Foire aux Vins, du 25 juillet au 3 août. Une belle revanche sur la vie.

Vous êtes transformiste. En quoi cela consiste ?

Déjà, je le différencie de la drag queen, qui est quelque chose de très « créature » de la nuit, avec un personnage. Le transformiste, à travers un maquillage, une coiffure, une démarche, des mimiques, va essayer de ressembler au maximum à un artiste et de le reproduire. Ce n’est pas une féminisation juste pour être féminine. Certaines femmes peuvent aussi faire des personnages masculins par exemple. Moi, je rends hommage aux vieilles et aux mortes (rires). Bien sûr, ça touche les quinquagénaires ou au-dessus, Line Renaud ou Annie Cordy, ça parle moins aux jeunes. Mais ce qui est compliqué là-dedans, c’est le travail du maquillage. Je fais tout moi-même. On observe, on prend des photos, on se rajoute des traits, on se vieillit. Quand je travaille seul, je n’ai pas le temps de tout faire. Donc j’ai un maquillage de base, je fais d’abord les blondes, puis les brunes. C’est tout ça le transformisme. Ça me prend jusqu’à 1h30 de préparation. En plus du maquillage, il y a les habits, les faux seins, des bas… Mais le sourire, lui, c’est le vrai !

Comment avez-vous intégré ce monde ?

Le parrain en quelque sorte, c’est Michou, le directeur de cabaret. J’ai eu la chance de le rencontrer en me baladant dans les rues de Paris. C’était une figure, ça a joué. Ensuite, j’ai une grande part de féminité en moi, donc je pense que le transformisme est une manière de la vivre. Enfin, pour l’instant, c’est surtout une passion, je fais ça en tant qu’auto-entrepreneur mais c’est difficile d’en vivre. Aussi, quand je voyais du transformisme à la télé, je me disais : « j’aimerai bien faire ça », mais sans plus. Le déclic est arrivé quand j’ai fêté mes 40 ans. J’étais gérant d’un bar à Bâle. J’avais fait venir des connaissances qui géraient une association de transformistes. Et on s’était dit que, vu que c’était pour mon anniversaire, pourquoi pas m’intégrer dedans. C’est là que j’ai franchi le cap du transformisme pour la première fois, que j’ai démarré. J’ai vu que je me sentais à l’aise, alors j’ai reproduit ça pour des soirées, et à chaque fois je me féminisais. Puis on m’a inclus dans cette troupe. Avec un des membres, on a fini par créer Les Étoiles du Cabaret, notre propre association.
Mais plus tard, je me suis lancé seul et j’ai créé le Cabaret de Miss Lili. C’est un spectacle itinérant, je suis là où on me demande d’être : en entreprise, dans un mariage, un anniversaire, etc. Aujourd’hui, ce dont je rêve, c’est de trouver un lieu fixe où pratiquer ce spectacle tous les week-ends. C’est sûrement comme cela que ça se passera à la Foire aux Vins.

Miss Lili en pleine représentation. / ©Etienne Strauss
Justement, vous allez participer au Cabaret Colmarien de la Foire aux Vins ?

Oui. Au fil du temps, cette activité a bien progressé. C’est comme ça que j’ai fait la connaissance de Corinne Frech, qui m’a proposé d’animer un repas un jour. Les retours étaient bons et elle m’a demandé si ça me dirait de faire la FAV.

Tous les ans, elle m’en parlait, mais sans résultat derrière. Je commençais à désespérer (rires) ! Et cette année, ça y est c’est la bonne, j’y serai. Ce qu’ils recherchent auprès de moi pour cet événement, c’est ce côté humour avec le fait que je parle alsacien. Ils veulent renouer avec le cabaret d’antan, ce côté Jean-Marie Arrus, (qui a fait les beaux jours de la foire avant sa disparition en 2018). Mon personnage de Miss Lili est un peu comme ça : piquant. C’est presque une vieille cougar frustrée qui, à travers l’humour, se fait comprendre (rires).

Qu’allez-vous proposer durant ce cabaret ?

Je vais rendre hommage à Annie Cordy et à Michèle Torr. Miss Lili, elle, va raconter qu’elle a un ex en Suisse qui, pendant chaque acte, lui chantait la tyrolienne. Cela m’amène à partir en délire sur une tyrolienne. Donc pour vous résumer, on attend de moi de l’humour en présentation des artistes, puis ces trois passages dont je viens de parler.

D’ailleurs, qui est Miss Lili pour vous ?

C’est Philippe au féminin. Parfois je me demande si je ne suis pas plus travesti quand je suis garçon que quand je suis fille. Ma part de féminité, c’était dur de l’assumer, mais Miss Lili, c’est comme une thérapie.

Les moments les plus difficiles, c’était l’adolescence, à l’école. Mais ça, c’est une excellente thérapie vis-à-vis de l’œil de l’homme hétéro. Il est très souvent réticent, mais au fur et à mesure, il se rend compte que ce que je fais, c’est juste un spectacle. On n’est pas Michel Serrault dans La Cage aux folles.

Quand je rends hommage à un artiste, il faut entendre sa voix, donc je fais du play-back. Mon travail c’est de faire une super synchronisation labiale. Je veux faire oublier au public que c’est moi, je veux qu’ils ne voient que l’artiste. Souvent, quand c’est bien fait, on me dit : « Mais qu’est-ce que vous avez bien chanté ». Sauf que je n’ai pas chanté ! Finalement, avec mon spectacle, je crée du bonheur chez les gens. Je taquine aussi, car avec l’humour, on peut accomplir beaucoup de choses. Mais souvent, mon dernier passage est un moment d’émotion pour faire passer des messages de tolérance.

Qu’est-ce que ça représente pour vous, d’être sur scène aujourd’hui ?

C’est une revanche. Enfant, j’ai subi deux choses : l’obésité et le côté féminin. À l’école, j’en ai bavé, on me faisait remarquer que j’étais différent. Alors oui, je ne suis peut-être pas un homme comme les autres, mais je n’ai jamais frappé, ou pire. Grâce à ça, je suis bien dans ma peau. Miss Lili, c’est une réconciliation avec tout ce qu’on m’a interdit d’être.

L’info en plus

Le Cabaret Colmarien se déroulera du 25 juillet au 3 août. En plus de Miss Lili, Robin Léon, Tino, Tom Mathis, Audrey Redbird ainsi que le Show-ballet Rouge Alevres seront de la partie.

 

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