Sandrine Collette sait admirablement faire trembler le territoire du lecteur. Une fois encore, elle nous plonge au cœur d’un monde sauvage et âpre qui nous emporte dès les premières pages. Le ton est donné et l’on pourrait entendre entre les lignes « il était une fois, il y a bien longtemps ».
Dans ce petit hameau appelé les Montées, se dressent trois fermes isolées, repliées sur elles-mêmes, évoluant sous la menace d’une nature hostile et imprévisible, et de la domination de maîtres prêts à toutes les infamies pour asseoir leur pouvoir. Trois familles y habitent, figées dans des conditions de vie d’une absolue dureté, dans une existence où rien ne leur est épargné. Des vies où l’on tente de s’aimer comme on peut, mais de survivre surtout. Alors quand arrive Madelaine, une petite « fille de faim », intrépide et sauvage, l’équilibre est bouleversé et ce qui était fermement ancré, vacille. Dans sa quête et son désir de braver l’ordre dicté, cette héroïne grandiose va revendiquer la liberté, ne cessant de montrer une autre voie possible aux habitants des Montées. À travers elle, c’est la vie qui va s’exprimer avec audace et courage, faisant taire peu à peu tout ce qui était resté figé. En décidant d’entailler les certitudes, elle va se dresser contre l’injustice et lutter ardemment contre la sauvagerie, permettant peut-être enfin aux désirs enfouis de s’exprimer.
C’est là le secret de l’écriture de l’autrice. De nous faire vivre de manière tout à fait sensorielle l’aventure narrée. Le cœur est mis à rude épreuve par une puissance des descriptions qui immerge le lecteur avec une force envoûtante tant l’écriture nous happe. Et même si la dureté s’immisce entre les lignes, on rencontre toujours en chemin la grâce, garante de l’éblouissement de la lecture. Car c’est aussi et surtout une ode aux liens, à ceux du cœur et à la beauté dont ils se tissent. Madelaine en est le parfait exemple.
C’est grandiose et cette nouvelle plongée au cœur des âmes humaines se révèle d’une beauté foudroyante.
