On croit pendant des années qu’il n’y a pas plus alsacien que la cigogne et puis…
… et puis un jour, on tombe de l’armoire – polychrome – en apprenant que finalement, comment dire, pas tant que ça. C’est bien simple : tout le monde se l’arrache, et même, depuis la nuit des temps. Dans l’Égypte antique, les chats étaient peut-être les chouchous absolus, mais l’infâme qui aurait osé en tuer une était illico mis à mort. En Grèce, une Loi cigogne obligeait les enfants à prendre soin de leurs vieux parents dans le besoin. Plus à l’est, les folklores turcs, arabes ou persans affirment depuis la nuit des temps qu’un nid de cigogne construit sur une maison lui apporte la chance, la baraka… En Chine, enfin, notre échassier préféré est symbole de longévité.
Non, tu ne chanteras pas !
Hélas personne, ni ici ni ailleurs, n’a jamais entendu le chant de la ciconia ciconia (comme disent les spécialistes). La pauvrette ne nous enchantera ni au petit matin avec le coq ni le soir avec le cor au fond des bois, et pas davantage entre les deux. Walou, nada, que pouic. Parce qu’elle est, au sens propre, absolument incapable de le faire. C’est comme ça, elle n’est pas appareillée pour : au moment du montage, il devait manquer une pièce dans le carton. Alors, elle communique avec ses copines en claquant du bec. On dit gravement qu’elle craquète, et ce n’est pas très joli.
Tout ça est donc bien triste, mais d’un autre côté, à quelque chose malheur est bon : imaginez-la soudain prise d’une envie de chanter une berceuse à un petit mouflet en pleine livraison… Les futurs parents auraient intérêt à avoir de bons réflexes.
Sylvie de Mathuisieulx