Soyons à l’affût. Scrutons les airs pour voir si leurs ailes noires fendent à nouveau le ciel, comme des virgules qui se laissent porter par l’onde. « L’hirondelle est le jouet préféré du vent », écrivait avec justesse Jules Renard. Après avoir passé l’hiver au chaud en Afrique, ces oiseaux migrateurs, étonnants acrobates dans les airs ou en rase-mottes sur la terre ou sur les cours d’eau, sont de retour pour leur estive d’été. Elle va durer six mois, avant qu’ils ne reprennent en septembre la route vers le sud.
Les hirondelles sont phénoménales et mériteraient que l’on salue leurs prouesses : avec leurs poids d’à peine 20 grammes, elles sont capables de faire un parcours de 10000 kilomètres sans s’arrêter. Pour leur retour d’Afrique, leur voyage dure de cinq à sept semaines. Elles volent, en battant des ailes, et non en planant, à une vitesse de 60 kilomètres à l’heure, sans s’interrompre, se nourrissant tout en volant. Pour être sûres de trouver des insectes en quantité pour leur fournir l’énergie nécessaire, elles se placent d’instinct à la hauteur ayant des températures d’au moins 10° qui leur assureront la présence d’insectes.
Les hirondelles représentent un heureux présage, car leur venue est considérée comme un porte-bonheur. Elles ne s’installent que là où elles seront sûres de trouver des moucherons et autres insectes. Voilà pourquoi elles jettent leur dévolu sur les fermes. À peine revenues, elles installent leur nid sous les toitures des étables et des granges. Ou bien, elles réparent le nid de l’année d’avant. Elles sont fidèles et reviennent chaque année nicher au même endroit. Leur durée de vie est de quinze ans.
Leur nid a la forme d’une demi-coupe blottie contre un support. Leur salive est précieuse pour le réaliser : elles la mêlent avec la terre, pour obtenir une boue à laquelle elles ajoutent de la paille, parfois des cheveux, des brins d’herbe et des fils de laine. Les nids de ces bâtisseuses sont solides et peuvent tenir une dizaine d’années.
©The new-york public library
Lorsque le nid est prêt, elles pondent 4 à 5 qu’elles vont couver 15 jours. Commence alors le ballet du nourrissage. J’aimerais pouvoir les contempler aisément, mais elles bougent sans cesse, gobent les moucherons en volant, se posent quelques secondes pour nourrir les 4 ou 5 petits de leur portée, pour repartir de plus belle, à tire-d’aile et, comme des flèches, fendre l’air. Les petits s’envolent du nid au bout de 19 à 21 jours.
J’aime leur dos noir bleuté, leur ventre blanc et leurs ailes effilées. Lorsqu’en été, elles volent bas, en rase-mottes, promptes comme l’éclair, elles signalent la venue de l’orage. Il n’y a guère qu’en septembre, qu’elles ralentiront le rythme, lorsqu’elles se poseront sur les fils électriques, avant le grand départ vers le sud. D’ici là, nous aurons savouré leur présence pendant six mois, à les regarder et à les écouter.
On dit que l’hirondelle « trisse », qui se traduit en alsacien par : s Schwalmele
« zwitschert ».
Heureux temps des hirondelles !
Poème
L’hirondelle
On m’a dit qu’une hirondelle
ne faisait pas le printemps
et moi je dis que c’est elle
sinon, qui le ferait donc ?
Je l’ai vue avec son aile
qui taillait dans le ciel blanc
un grand morceau de dentelle
où venait jouer le vent.
Ce n’était qu’une hirondelle
un oiseau noir et blanc
et pourtant je n’ai vu qu’elle
et j’ai le cœur tout content.
On dit que les demoiselles
font la pluie et le beau temps ;
moi je dis qu’une hirondelle
fait l’avril et le printemps.
Pernette Chaponnière
(Femme de lettres genevoise)
L’info en plus
Le dicton qui dit, « Une hirondelle ne fait pas le printemps », signifie qu’il ne faut pas se servir d’un seul exemple pour tirer une conclusion générale, trop hâtive et parfois malvenue. Le philosophe Aristote a écrit : « Une seule hirondelle ne fait pas le printemps ; un seul acte moral ne fait pas la vertu ».
Proverbes français
Hirondelle volant haut,
Le temps sera beau ;
Hirondelle volant bas,
Bientôt il pleuvra.
L’hirondelle aux champs
amène joie et printemps.
