mercredi 3 décembre 2025

Schweitzer nous parle

Le pasteur, le théologien, le musicien, le médecin, le philosophe, savait sourire. Oui, Albert Schweitzer mettait de l’humour et même de la dérision dans la vie. Ça aussi c’est une leçon.

Sourire

Un jour un journaliste lui a demandé quel est le commencement de la civilisation. Il a répondu : « Le fumier ». Tout le monde a ri, et pourtant il était parfaitement convaincant dans ce qu’il venait d’exprimer. Albert Schweitzer portait en lui l’exigence de son père et la bienveillance de sa mère. Il en a fait un chemin singulier.

Le sourire malicieux qui l’habitait, le détachement dont il parvenait à faire preuve face aux événements, et son refus absolu de porter le moindre jugement sur quiconque, lui ont permis d’être une incarnation du mot humour.

Et qu’est-ce que l’humour ? Un regard tendre et amusé sur chaque chose là où l’ironie est sévère et blessante. Tenez, voici un autre exemple. Lorsqu’un journaliste lui demande pourquoi les bâtiments de son hôpital n’ont pas d’étage, Albert Schweitzer répond : « Je ne suis pas assez bête pour construire en hauteur quand je peux étirer toutes les maisons ».

Et Schweitzer, philosophe, moraliste même, pouvait aussi évoquer les sujets de société avec humour. À l’approche d’une coupe du monde de football, il a déclaré : « Lorsque le diable n’a plus su quoi faire contre l’église, il a inventé le football ».

Dans le même ordre d’idée, il a signalé à sa nièce que s’il elle lui envoyait encore des courriers avec des timbres de footballeurs, il n’allait pas ouvrir les enveloppes. Sacré Albert.

Et voici une autre illustration de l’humour d’Albert Schweitzer. À la fin de sa vie, alors qu’il faisait l’objet d’attaques régulières à la suite de ses prises de position contre l’armement nucléaire, il a lancé : « Je ne me défends contre aucune critique. On peut écrire toutes les bêtises qu’on veut sur nous. Eh bien je m’en fous ».

Alors que sa notoriété mondiale, son titre de prix Nobel de la Paix, auraient pu lui donner la grosse tête, il laissait libre cours à son autodérision. Lorsqu’on lui demande pourquoi il voyage en troisième classe dans les trains, il répond : « Parce qu’il n’y a pas de quatrième classe ». Lorsqu’on lui demande ce qui le rapproche de son ami Albert Einstein, il répond : « La paresse ». Et Schweitzer se justifie : « En étant candidat à un poste universitaire, Einstein disait qu’il ne voulait pas travailler, mais réfléchir ».

Cet humour d’Albert Schweitzer est le reflet de sa jeunesse d’esprit. Il a gardé le regard d’un enfant, redécouvrant à chaque instant le monde, pour inlassablement continuer à s’étonner. Et cela jusqu’à son dernier souffle, à l’âge de 90 ans.

Francis Guthleben vient de publier Albert Schweitzer intime, aux éditions AISL. L’ouvrage regroupe 100 témoignages sur le prix Nobel de la Paix recueillis dans le monde entier.

Retrouvez l’ensemble des articles sur Albert Schweitzer : L’année Schweitzer

Chronique rédigée par Francis Guthleben

 

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