Comment résumer votre parcours en quelques mots ?
Je suis artiste autodidacte, j’ai toujours été passionné par la photographie. À l’époque de l’argentique, j’avais déjà un petit laboratoire noir et blanc et je développais mes propres clichés. Avec le passage au numérique, j’ai continué, j’ai expérimenté différentes techniques qui me permettent de développer des photos en grand format moi-même, sans passer par des laboratoires.
C’est là que vous avez commencé la peintographie ?
Oui, c’est un peu ma technique signature maintenant. Ce que j’appelle la peintographie est tout simplement un média mixte entre la peinture et la photographie. C’est un principe de transfert où j’utilise mes visuels, qui sont des photographies ou des créations numériques, je les imprime sur des papiers spécifiques qui n’absorbent pas l’encre. Je complète l’œuvre par de l’encre, de l’acrylique, des fusains et ça donne un aspect unique et facilement identifiable.
Vous vous basez toujours sur des photographies ?
Oui, ce sont des photographies que j’ai prises ou que mes amis et connaissances m’envoient. Je les retouche pour garder ce qui me plaît et je les utilise. Ce sont souvent des clichés de voyage. Je vais toujours chercher le petit truc décalé auquel personne ne fait attention : les ombres de parasols sur la plage, un conteneur, des immeubles en construction, des travaux. Dans mon studio, je continue aussi la photographie traditionnelle, mais avec mon côté décalé. Ce que l’on considère comme le beau ne m’intéresse pas.
Vous vous considérez comme une personne décalée ?
Pas vraiment, mais je suis quelqu’un de très curieux, mon cerveau est constamment en activité. J’essaye de voir ce que les autres ne voient pas. C’est un défaut ou une qualité, je ne sais pas, mais je suis attiré par d’autres choses. Il m’arrive aussi de travailler pour des commandes. Les clients m’envoient des photos et je vois ce que je peux faire avec. Ils sont surpris par mon choix, mais on finit toujours en phase l’un avec l’autre.
Vous êtes « Made in Colmar » ?
Oui, et j’ai même réalisé une série de « peintographies » ; j’ai appelé ça « Made in Colmar ». Je suis colmarien depuis toujours et je voulais montrer mon Colmar, celui de mon quotidien. Dans la série, il n’y avait pas de colombages ou de géraniums, plutôt des bâtiments qui ne sont pas mis en valeur habituellement. Il y a certains coins qui me font penser à Miami, d’autres à New York. Dans Colmar, il y a parfois des petits quartiers qui pourraient presque nous faire voyager.
Pensez-vous que la place de l’art contemporain est suffisante à Colmar ?
J’ai installé une sculpture d’un touriste égaré avec sa valise et son smartphone sur le promontoire d’une maison rue Saint-Nicolas, mais j’ai fait ça d’une façon un peu clandestine. On est dans une superbe ville touristique, belle et propre. Hormis des initiatives privées et quelques ateliers, il n’y a qu’une œuvre de Georges Rousse à peine visible route d’Ingersheim, c’est tout. On pourrait créer un parcours d’art contemporain, il y a le niveau touristique pour le faire et ça pourrait même attirer un public encore plus averti.
Vous avez réalisé des sacs de shopping pour Les Vitrines de Colmar !
Au printemps, les responsables de l’association m’ont dit qu’ils éditaient un sac chaque année. J’avais fait la série « Une seule lettre vous manque », des phrases avec des lettres qui tombaient pour former un double sens. Elle a été exposée pendant l’Opening Night en mars, pendant le week-end de l’art contemporain, c’est là que Les Vitrines de Colmar m’ont demandé de leur proposer quelque chose. En général je suis plutôt sarcastique, mais cette fois j’ai été gentil parce que j’aime ma ville (rires).
Pour la petite histoire
Sa photographie Le ticket de métro a été lauréate du magazine Photo dans la catégorie «nu artistique» en 2017. Fait amusant, puisque la photo ne divulgue rien, contrairement à ses concurrentes.