Je vous rencontre depuis quelques années dans les salons du livre et constate la forte fidélisation des lecteurs autour de vos polars, publiés avec la maison d’édition indépendante que vous avez fondée. Par quel processus en êtes-vous arrivé à écrire des thrillers ?
Le déclic est venu lors de la lecture du roman de Dan Brown, le Da Vinci Code. Ce thriller a été le succès de la décennie 2000-2010, parce qu’il mêlait habilement les grands thèmes qui secouaient nos sociétés : les complots, la place de la femme, l’importance de la culture et de l’histoire. Mon premier roman, L’enfant de la honte, n’a été écrit qu’en 2012. La surprise est venue du comité de lecture d’un éditeur parisien qui a été séduit, intrigué, bouleversé, par les éléments que j’avais envoyés. Deux mois plus tard, je signais un contrat à compte d’éditeur.
Quels sont vos maîtres dans le domaine du polar ?
Ma préférence va avant tout aux écrivains de thrillers français : Franck Thilliez, Jean-Christophe Granger, Maxime Chattam, Karine Giébel, Nicolas Beuglet, Bernard Minier. J’apprécie également les polars nordiques écrits par Henning Mankell, Jo Nesbo, Camilla Läkberg.
Quand écrivez-vous ? Comment vient l’inspiration ?
Je choisis tout d’abord un thème donné qui sera le fil conducteur tout au long du roman. Ensuite, j’effectue de nombreuses recherches sur ce thème et rassemble des documents, des témoignages, des écrits de faits-diversiers, des articles scientifiques et de médecine légale. Petit à petit, à la lecture de tous ces documents, le synopsis du roman se construit. Par après, je me laisse porter par mes personnages. Naît ainsi une dynamique de rebondissements qui tient le lecteur en haleine. Profondément attaché à l’Alsace, je m’imprègne des lieux où se déroulera l’intrigue en les visitant.
Y avait-il un lien entre votre métier et l’univers des romans policiers ?
Le groupe agroalimentaire qui m’employait possède des laboratoires de physico-chimie et de bactériologie. Les matériels d’analyse, de contrôle, sont très proches de ceux utilisés par la police technique et scientifique. Le fait de connaître parfaitement ces équipements apporte de la crédibilité à mes récits lorsque la PTS (la police technique et scientifique) intervient sur l’une de mes scènes de crime.
Une fois le livre écrit, vous gardez la main et vous fabriquez le livre. Quelles sont les étapes ?
Tout d’abord, il y a la mise en page qui doit être soignée en respectant les règles typographiques. Ensuite, je sélectionne la photo qui servira à la création de la couverture. Cependant, je sous-traite la réalisation de la couverture dans son intégralité à un graphiste professionnel. Il en est de même pour la relecture-correction du roman. Ce sera pour le lectorat un gage de qualité et la promesse d’un roman lisible, avec une orthographe soignée. Ces choses faites, l’ensemble texte et couverture est envoyé à un imprimeur.
Comment vous êtes-vous fait connaître et comment avez-vous pu ainsi fidéliser le public ?
Lors de l’édition de mon premier roman, Victoire, l’enfant de la honte, le bouche-à-oreille s’est fait très rapidement et les ventes se sont envolées. Cela a été une première étape. Dès le début de mes parutions, j’ai multiplié les séances de dédicaces dans les librairies, les salons du livre et les moyennes et grandes surfaces. C’est dans la diversité des rencontres auteur-publics que l’on se fait connaître. Ces échanges conviviaux sont des outils de conquête de nouveaux lecteurs et lectrices, mais aussi un outil de fidélisation pour ceux et celles qui ont été séduits par mon style, mes intrigues.
Votre dernier livre, Le souffle du diable, aborde un thème dans l’air du temps : celui du genre et de la transidentité. Il est plus « trash » que vos précédents ouvrages. Cet univers contraste avec votre quotidien paisible de grand-père qui vit à Blaesheim, qui voit chaque jour ses petits-enfants…
Effectivement, cela peut paraître paradoxal, mais l’écriture de polars et de thrillers est une manière de déplorer les comportements humains et leurs vices. Je fais de mes livres une arme essentielle puisqu’avec les mots, je parviens à susciter des émotions et des réactions. C’est ainsi que je parviens avec un certain succès à dénoncer les travers de la société contemporaine. La plume est souvent plus forte que le fer.
L’info en plus
Jean-Pierre Chassard sera présent au Festival du livre de Colmar les 25 et
26 novembre sur le stand d’I.D l’Édition. Ses séances de dédicaces sont indiquées sur sa page Facebook.
Ses romans peuvent être commandés auprès de lui. Ils sont disponibles chez les libraires indépendants ou dans les espaces culturels des moyennes et grandes surfaces.