Loïc est chauffeur routier, Laurence est secrétaire médicale, deux enfants, un pavillon acquis à moindre coût grâce à la mauvaise réputation de la ZAD construite à proximité. Le couple ne s’en préoccupe pas. Jusqu’à cet appel des gendarmes, fixant le basculement dans un monde qui semblait inébranlable. Cette nuit-là le tempo déraille devant l’inconcevable de ce fils plongé dans le coma. Ce fils qui dès sa plus tendre enfance n’avait jamais été facile, celui dont les contradictions étaient palpables, celui qui aimait dire non, celui qui en investissant le monde de la ZAD avait trouvé un combat à mener pour répondre aux dysfonctionnements du monde, insupportables. On évolue aux côtés de ce couple, chacun faisant entendre sa voix, avec une immense sensibilité, en nous menant au plus près de ce qu’il va être dans la tempête. Tout ce qui tenait avec un précieux rafistolage ne peut plus subsister. Chacun va tenter de sauver l’enfant à sa manière. L’un dans le soin du corps, le concret, le tangible, l’efficace. L’autre dans cette quête de retrouver son fils dans le combat qu’il avait embrassé, lui permettant de comprendre grâce à des rencontres humaines singulières et précieuses de retisser symboliquement le fil perdu avec lui. Et c’est là que l’autrice nous interpelle dans ce que nous sommes profondément tant sur nos quêtes intimes, que sur nos engagements sociétaux, deux mondes se faisant écho bien souvent.
Chacun des personnages, campés avec minutie, trouve son identité et son propre registre dans cette toile qui se tisse autour de la disparition et du deuil au sens le plus large qui soit. Le deuil qui vient ébranler, mais aussi et surtout mettre en lumière ce qui s’était obscurci. C’est un récit tout en sensibilité et en justesse que nous livre l’auteure en cette rentrée littéraire de janvier, il vient faire émerger de multiples questionnements sur nos vies et ce qui les habite.