L’histoire du groupe Liebherr commence en 1949, à Kirchdorf an der Iller, en Bade-Wurtemberg. Dans cette Allemagne d’après-guerre en pleine reconstruction, l’ingénieur et inventeur Hans Liebherr se met en quête d’une grue. Pas l’oiseau, non. La machine. Il en veut une à prix abordable, simple à monter et à utiliser. De quoi accélérer la reconstruction du territoire. Mais il ne trouve pas. Alors il décide de créer lui-même cette fameuse grue à tour bon marché, et fonde une entreprise portant son nom.
Une idée de génie, puisque le carnet de commandes explose. En 1950, le groupe dispose déjà d’une centaine d’employés. Mais l’homme d’affaires ne compte pas s’arrêter là et, dès 1953, il se diversifie. Son entreprise commence à produire des pelles hydrauliques, et des machines à taillage d’engrenage.
Par la suite, il débarque aussi sur le marché des réfrigérateurs, sans oublier celui des machines de fabrication de béton.
Liebherr prospère et assoit sa renommée de l’autre côté du Rhin. L’heure vient de s’étendre, de dépasser les frontières, de devenir un géant industriel international. Mais pour aller où ? En Irlande tout d’abord, en 1958.
Cette expansion marque le début d’une nouvelle ère pour l’entrepreneur, qui s’attaque cette fois aux équipements pour avions. Une stratégie payante : son entreprise est aujourd’hui présente dans 15 pays, dont les États-Unis et l’Australie, et sur 4 continents.
Dirigée depuis 1993 et la mort de Hans par ses enfants Isolde et Willi Liebherr, la société emploie actuellement plus de 50 000 personnes à travers le monde. Son chiffre d’affaires en 2023 ? La bagatelle de 14 milliards d’euros.
Et il y a 12 ans, la troisième génération de la famille est elle aussi devenue actionnaire. Preuve s’il en fallait une, que Liebherr demeure une aventure industrielle familiale.
Une arrivée salvatrice à Colmar
Mais dans son histoire, le groupe va nouer une relation toute particulière avec une ville, où il a déployé une usine dès 1961 : Colmar.
Derrière cette implantation, se trouve notamment un homme, Joseph Frey, maire de Colmar, et grand-père de Brigitte Klinkert, actuelle députée de la 1ère circonscription du Haut-Rhin : « Il a créé la zone industrielle. La deuxième grosse entreprise à s’y être implantée, c’était Liebherr. D’où un attachement particulier à cette entreprise, parce que son arrivée a vraiment changé la physionomie de la ville », explique l’élue.
Cette implantation a en effet créé des emplois, 16 ans après la guerre, et fait venir des cadres d’autres pays. Liebherr a donné une nouvelle impulsion à Colmar. Au fil du temps, la société a logiquement noué de forts liens avec la cité, pour le plus grand bonheur de l’économie locale. En 2011, une seconde usine voit le jour dans la ville, rue Frédéric-Hartmann. Elle est spécialisée dans les moteurs diesel de grande puissance. La même année, un autre bâtiment est ouvert, Liebherr Mining, pour fabriquer des pelles pour les activités minières du groupe à travers le monde.
En 2024, avec plus de 3 000 collaborateurs sur le bassin de Colmar, le mastodonte industriel figure parmi les plus importants employeurs du territoire : « La société a grandement contribué au développement économique et à l’attractivité de Colmar, tout en préservant les valeurs familiales qui lui sont chères, et en intégrant de nombreux défis de développement durable », affirme de son côté le maire de Colmar, Eric Straumann.
Et l’histoire entre la société et la région n’est pas près de s’arrêter. Alors qu’elle vient de fêter ses 75 ans, une nouvelle usine devrait ouvrir dans le parc industriel de Nambsheim, près de Fessenheim.
Un investissement colossal de 170 millions d’euros, maintenu malgré l’instabilité économique. « C’est une très grande fierté pour nous », se réjouit Brigitte Klinkert. Cela devrait également entraîner la création de 300 emplois. L’Alsace peut dire merci, et bon anniversaire, à Liebherr.
L’info en plus
Le 19 décembre 2024, la rue Frédéric-Hartmann est devenue la rue Willi Liebherr. L’inauguration a eu lieu en compagnie d’Éric Straumann, maire de Colmar, Brigitte Klinkert, députée de la 1ère circonscription du Haut-Rhin, et de Christian Klinger, sénateur du Haut-Rhin.
