Boualem Sansal, écrivain engagé et voix singulière du monde francophone, opposant franco-algérien qui dénonce notamment les dérives autoritaires et l’antisémitisme, l’étroitesse d’esprit et toutes les atteintes à la liberté d’expression, cet homme d’une grande intelligence, d’une ouverture d’esprit sans faille n’est coupable de rien. Il est pourtant incarcéré en Algérie depuis le 16 novembre, et c’est inacceptable. 128 jours ce lundi 24 mars, 128 jours de trop. Sansal fait le lien entre les peuples, entre ceux qui souhaitent vivre dans le respect des différences, dans l’empathie, c’est un maillon essentiel du monde libre. Il milite pour la paix, c’est son combat dans ses écrits et dans sa vie.
On se souvient du Forum mondial de la démocratie en 2012 à Strasbourg, où, aux côtés de David Grossman, il avait lancé un appel et les bases d’un rassemblement mondial des écrivains pour la paix, un geste symbolique et fort sur les terres d’Alsace qui ont connu les horreurs de l’obscurantisme, l’effroi de la barbarie, et qui sont encore meurtries par la présence du seul camp nazi dans l’Hexagone. Il existe toujours dans plusieurs endroits du monde des hommes qui humilient, qui emprisonnent, qui tuent d’autres hommes, juste pour ce qu’ils sont, comme en Europe pendant la Seconde Guerre mondiale.
Pour ne pas oublier que si un seul homme est emprisonné pour sa façon de penser, pour la couleur de sa peau, de ses cheveux ou de ses rêves, nous sommes tous concernés, pour ne pas oublier que les matins bruns ne sont jamais très loin, pour ne jamais oublier que la paix est fragile, pour toutes ces raisons et bien d’autres encore, l’Alsace doit afficher sur les devantures de ses Hôtels de Ville, le portrait de Boualem Sansal ; un acte plus que symbolique, une façon de refuser l’emprisonnement de l’écrivain et la guerre, en Ukraine et partout. Je propose un titre : « L’appel des communes d’Alsace pour la paix et la liberté ». Après tout ce qu’elle a connu, l’Alsace, terre de passage de toujours, terre de fraternité, doit devenir une région de toutes les résistances. Elle doit s’engager et demander la libération immédiate de Boualem Sansal.
Se taire, c’est laisser faire.