lundi 1 septembre 2025
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Énergie jeunes – Le déclic de la réussite

En 2009, l’association Énergie Jeunes voyait le jour en Île-de-France, avant d’essaimer à travers le territoire—la treizième délégation régionale sera inaugurée en septembre en Guyane. Avec pour slogan “On va tous aimer apprendre”, des programmes ont été développés afin d’intervenir sur les compétences psycho-sociales des élèves et ainsi favoriser leur réussite scolaire. En coopération avec les enseignants et les parents, le programme Aimer apprendre a été délivré à 921 établissements du CM1 à la seconde pro en 2024, gratuitement, car ce sont des partenariats qui le financent. Enedis a par exemple détaché André Désirée, nommé délégué régional Grand Est d’Énergie Jeunes en juillet 2024. Un déclic pour lui, et pour de nombreux élèves.

Vous êtes en mécénat de compétence, comment cela fonctionne ?

Les partenaires privés ou particuliers d’Énergie jeunes, comme la Poste, Orange, la SNCF par exemple, proposent des mises à disposition partielles, de quelques jours par an, à longues, comme moi pour 18 mois. Je suis ingénieur EDF de formation et salarié d’Enedis, la filiale qui gère le réseau de distribution de l’électricité. Le choix de mon entreprise est le mécénat en fin de carrière : j’ai 62 ans et j’ai souhaité intégrer le monde associatif avant ma retraite.

Vous avez donc été formé puisque votre métier n’a pas de lien avec l’éducation ?

Tout à fait, tous les volontaires suivent la formation habilitation annuelle qui permet d’animer au sein des établissements scolaires partenaires. Concrètement, il y a toujours un binôme d’intervenants : un expert—qui a de l’expérience, connaît les fondements scientifiques des programmes, les enjeux des cités éducatives, et maîtrise les techniques d’animation—et un second, qui est en apprentissage.

©DR
Quelle est la composition de l’association ?

Il y a un peu moins de quarante salariés au niveau national, pour la plupart au siège en région parisienne. Ensuite, une ressource importante pour nous, ce sont les volontaires en mission de service civique (VSC) : ils ont entre 18 et 25 ans et sont plus d’une soixantaine par an. Puis viennent les mécénats de compétence, et enfin, 750 à 800 bénévoles, actifs ou retraités qui mettent un peu de temps à disposition. Tout cela crée une richesse intergénérationnelle, notamment dans les binômes.

Combien d’élèves sont concernés ?

En 2023-2024, 127 000 élèves ont été accompagnés. On intervient plutôt dans des établissements défavorisés, isolés, ruraux, en périphérie des grandes villes. Dans le Grand Est, cela représente 51 écoles et collèges, dont 18 en Alsace. Nous étions par exemple dans des collèges à Illzach, Pfastatt, Altkirch, Saint-Louis, et des écoles à Richwiller, Habsheim, Blotzheim, Kembs… Historiquement, nous avions des établissements autour de Strasbourg. Malheureusement, nos ressources fluctuent, les bénévoles aussi. Certains établissements ont d’autres projets, font une pause, nous les sollicitons ou eux viennent vers nous. Il y a une recherche d’équilibre entre les besoins et notre capacité à faire. Dans le Bas-Rhin, nous sommes en phase de recrutement de services civiques et de bénévoles, via des plateformes gouvernementales comme jeveuxaider.gouv.fr. Nous avons de bonnes perspectives pour la rentrée.

Comment se passe une séance, le mot “déclic” revient souvent ?

Énergie Jeunes veut agir sur les déterminismes sociaux et territoriaux, et nos programmes visent à développer les compétences psycho-sociales, c’est-à-dire la confiance en soi, l’estime, la curiosité, la coopération, le goût de l’effort, l’empathie. Ils s’appuient sur la recherche scientifique et c’est notre spécificité. Nous avons un laboratoire de recherche et développement, une petite équipe nationale qui s’appuie sur trois comités : scientifiques, enseignants et chefs d’établissement. Concrètement, les interventions durent 55 min, pour deux épisodes en CM1 et CM2, et trois au collège. Notre programme phare s’appelle Aimer apprendre, il est constitué de vidéos, de témoignages inspirants, jeux, travaux en groupes, réflexion individuelle, le but étant de provoquer un déclic. Les élèves développent un sentiment d’efficacité personnelle.

André Désirée, le délégué Grand Est Jeunes. ©DR
Mais obtenir un déclic en deux ou trois séances, c’est magique !

Précisément, nous n’avons pas de baguette magique, on est sur une dimension humaine. Mais on a voulu évaluer l’impact de notre action par une étude en 2019 supervisée par le ministère de l’Éducation nationale, qui nous a agréés en 2014 et reconnus d’utilité publique en 2017. L’étude a concerné 23000 élèves de la 6e à la 3e sur cinq ans. Elle a montré trois effets significatifs : le premier sur les notes, en augmentation notamment au brevet. Le second sur le comportement des élèves : il y a parfois des chahuteurs, des perturbateurs, on constate une diminution des sanctions et une amélioration de l’ambiance des classes, c’est un effet sur le groupe classe. Enfin et surtout, une réduction du fatalisme social, les élèves se projettent davantage, en termes d’inspirations académique et professionnelle. En levant les barrières familiales ou sociales, on hisse les élèves en termes d’avenir.

Vous changez des vies, et pas seulement celles des enfants…

Sur notre site internet, il y a des témoignages d’élèves, de professeurs et de volontaires : tout le monde est un peu transformé, je peux en témoigner. Moi j’aime bien animer, je me suis découvert une vocation peut-être, mais ce qui me motive, c’est l’interaction avec les élèves, c’est ça l’enjeu. Je me souviens aussi d’une jeune VSC qui voulait être laborantine, mais qui envisage désormais d’être professeur des écoles.

©DR
N’est-ce pas le rôle de l’Éducation nationale de favoriser la réussite scolaire ?

Le système éducatif français est inégalitaire, c’est un constat que montrent les enquêtes internationales comme PISA, où la France n’est pas très bien classée, notamment en termes de coopération. L’Éducation nationale a pris le sujet à bras le corps, mais il reste du chemin à faire. Nous n’avons pas vocation à nous substituer aux profs, nous apportons notre pierre à l’édifice. Notre légitimité est d’être acteurs auprès d’autres, comme une alliance éducative, on a par exemple aussi un programme destiné aux parents, qui sont incontournables. Nous contribuons à prévenir le décrochage scolaire et à agir sur le fatalisme social et territorial pour la réussite scolaire de tous. On est plutôt optimiste, on peut avoir de l’impact et agir avec générosité.

Pour un don, rejoindre l’association ou demander son intervention : www.energiejeunes.fr

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