lundi 8 septembre 2025
AccueilÀ la uneNadine Heichelbech - La parole est à la bâtonnière

Nadine Heichelbech – La parole est à la bâtonnière

Elle a prêté serment il y a plus de 20 ans et dès le début, elle s’est engagée pour la défense et la bonne marche de sa profession. Syndicat, manifestations, conseils, elle n’a cessé d’y travailler. Un engagement qui se renforce encore aujourd’hui, car l’avocate a été élue bâtonnière de l’Ordre des avocats de Colmar en juin. Un rôle peu connu du grand public, mais ô combien important. Pour l’occasion, elle a accordé sa première interview à Maxi Flash.

Les avocats n’ont pas forcément une bonne image auprès du grand public. Pourquoi avoir choisi ce métier ?

J’ai toujours été une grande indécise, alors je me suis ouvert toutes les portes. Je ne savais pas ce que je voulais faire, donc j’ai fait un bac scientifique. Cela m’a permis de voir que je n’étais pas du tout intéressée par ces matières (rires). Je préférais les littéraires. Puis mon professeur de mathématiques m’a dit qu’il me verrait bien en droit, et mon père est avocat. Je ne voulais pas forcément prendre sa voie, donc je suis entrée dans la filière à tâtons et j’ai entrepris des études supérieures de droit.

Au cours de celles-ci, j’ai réalisé que c’était le monde judiciaire qui m’intéressait : les tribunaux, la défense des gens. À la fin de mes études, j’ai hésité entre le métier d’avocat et celui de magistrat, alors j’ai passé le concours d’accès à la fonction de magistrat (l’ENM) et l’examen d’accès à la profession d’avocat. J’ai réussi ce dernier, mais pas l’ENM (rires). Je me suis dit que ça signifiait que j’étais faite pour devenir avocate.

J’ai obtenu mon certificat d’école d’avocat en 2002 et j’ai prêté serment en janvier 2003. Mon père, Maître François-Xavier Heichelbech, était très fier, forcément. Il l’a été encore plus quand il a su que j’allais devenir bâtonnière, car il l’a été lui aussi pendant mes premières années d’exercice.

Justement, vous avez été élue par vos pairs bâtonnière de l’Ordre, le 10 juin dernier. En quoi cela consiste ?

J’ai été élue mais je serai en fonction à partir de janvier 2026, pour un mandat 2026-2027. Le bâtonnier est le représentant de l’Ordre des avocats. C’est l’interlocuteur des pouvoirs publics, des juridictions, des personnes qui souhaitent contacter l’Ordre pour avoir un avocat, ou se plaindre d’un avocat.

Le bâtonnier est aussi l’organe exécutif de l’Ordre. Il le gère, veille à son bon fonctionnement et désigne des avocats pour des commissions d’office. Il joue également un rôle de conciliation, d’arbitrage dans des différends entre avocats ou entre avocats et clients. Il a également une fonction disciplinaire, c’est-à-dire que je peux être à l’origine de poursuites disciplinaires. Il faut également assurer le respect de la déontologie. Voilà, en résumé, les fonctions du bâtonnier.

Ce sont de grosses responsabilités. Pourquoi avoir voulu devenir bâtonnière ?

Je suis membre du conseil de l’Ordre actuellement, donc je fais déjà partie des avocats qui prennent des décisions pour l’Ordre.

J’ai toujours été intéressée par ce qui y touche. Chaque grève, j’en faisais partie (rires), chaque manifestation, chaque assemblée générale, chaque repas qui réunit les confrères. Lorsque j’étais plus jeune, j’ai aussi fait partie d’un syndicat, l’Union des jeunes avocats. J’y ai fait des revues satiriques. La vie du barreau et la défense des avocats, c’est important pour moi. Concernant la fonction de bâtonnier, je suis revenue au conseil de l’Ordre en janvier après un premier mandat il y a quelques années. L’Ordre a constaté qu’il devait organiser des élections pour le prochain bâtonnat. Sauf que les candidats ne sont pas légion, c’est une grosse responsabilité avec beaucoup de travail.

La nouvelle bâtonnière en visite au journal. / ©DR

Par conséquent, chaque confrère doit d’abord réfléchir s’il peut prendre cette charge. Et il faut savoir qu’au barreau de Colmar, nous avons pour tradition d’alterner le mandat de bâtonnier entre un avocat à la Cour, puis un avocat de première instance.En 2026, ce doit être à un avocat à la Cour d’exercer. Ce qui est mon cas. C’est ainsi que j’ai commencé à réfléchir à la possibilité de prendre cette fonction, petit à petit. Ce qui a aussi joué, c’est que je suis dans un cabinet structuré, avec deux associées, une avocate collaboratrice, des secrétaires. Donc j’ai la capacité de le faire. Tout ça combiné à mon intérêt pour l’Ordre, j’ai décidé d’être candidate. Nous étions deux à nous présenter.

Et vous vous êtes présentée seule, sans vice-bâtonnier.

J’aurais bien voulu avoir un vice-bâtonnier, mais ça ne s’est pas fait. À Colmar, on a toujours eu des bâtonniers qui se présentaient seuls, sauf pour la mandature actuelle. C’est pertinent d’exercer à deux, mais moi je n’ai pas eu l’opportunité de trouver une autre personne. Heureusement, je pourrai compter sur des confrères et je peux déléguer des fonctions.

Pour votre mandat, avez-vous des objectifs particuliers ?
J’aimerais déjà qu’il y ait une vie au barreau. Par exemple actuellement, notre bâtonnière et notre vice-bâtonnier ont mis en place une commission événements pour organiser des cinés-débats, des concours d’éloquence en maison d’arrêt, une soirée de Noël pour les confrères avec leurs enfants… Je trouve que ça doit continuer. Bien sûr, j’aurai d’autres fonctions, mais j’espère pouvoir m’investir aussi là-dedans.

Qu’est-ce qui vous plaît tant dans ce métier, pour vous y impliquer à ce point ?

Il y a déjà la matière en elle-même. Le droit m’intéresse, j’adore traiter mes dossiers, chercher la solution d’un problème. La relation client est intéressante aussi : on va construire un dossier, on devient presque un confident. Nos clients, on épouse leurs peines, leurs joies, on les accompagne jusqu’à une décision pas toujours positive. Et lorsque l’un d’entre eux vous dit merci, c’est toujours très satisfaisant. J’ai également plaisir à travailler avec mes confrères et les magistrats.

C’est un milieu de respect et d’entente cordiale, où tout est très cadré, sans coup bas. Je me réjouis donc d’autant plus de ma nouvelle fonction, pour un barreau que j’apprécie beaucoup.

Le chiffre 

150 : C’est le nombre d’avocats inscrits au barreau de Colmar, loin derrière les plus grands de France.

ARTICLES SIMILAIRES
- Publicité -

LES PLUS POPULAIRES

- Publicité -