La mort
Jeudi dernier 4 septembre, cela faisait exactement 60 ans qu’Albert Schweitzer a rendu son dernier souffle. Dix ans avant sa disparition, il avait enregistré ces mots : « Un jour viendra où je ne les verrai plus les hirondelles parce que j’aurai entrepris le voyage de ce monde vers un autre ». Il a toujours été serein face à la grande faucheuse.
Quelques jours avant le 4 septembre 1965, il se fit conduire plusieurs fois en jeep à travers son hôpital. Il regardait avec un regard lointain les infrastructures qu’il avait érigées de ses mains pendant près de 50 ans. Le samedi 28 août, il est apparu pour la première fois au petit-déjeuner. Les médecins constataient que les soins qu’ils prodiguaient n’apportaient aucune amélioration. Les Gabonais organisaient une veillée pour celui qu’ils appelaient leur « Papa à nous » dans l’espoir de le sauver. Albert Schweitzer était faible, calme. Sa fille, ses fidèles infirmières et médecin étaient à son chevet. À 23h30, il s’est éteint. Ali Silver une de ses secrétaires lui a fermé les yeux. Le Docteur l’avait chargée de cette mission. Comme un symbole dans les année qui vont suivre, c’est elle qui a ouvert au public la Maison d’Albert Schweitzer à Gunsbach. À Lambaréné les obsèques ont lieu dès le lendemain 5 septembre à 15h. La foule était considérable. Les mots étaient simples : « Merci du fond du coeur cher Docteur, au nom de tous, pour tous ». En Europe, les hommages ont été nombreux. Un titre a retenu particulièrement l’attention : « Sans Albert Schweitzer, le monde se sent plus seul… ».
À Strasbourg, Frédéric Trensz, l’un des premiers médecins qui a travaillé avec Albert Schweitzer a pris la parole. « Ce matin, le personnel a dû se réunir devant la chambre du Docteur pour lui chanter un cantique traditionnel et tout le monde est allé au travail ». Dans ces mots résonnait la voix d’Albert Schweitzer, qui disait encore quelque temps auparavant : « Je veux continuer ma vie comme elle est… ». Mais il a fallu partir. Le Grand Docteur s’en est allé simplement, comme il a vécu. Sur sa tombe une modeste croix de bois a été posée qu’il a lui-même fabriquée. Pour nous apaiser face à la mort, il faut lire Albert Schweitzer et penser à son amour lorsque le nôtre vient à manquer : « J’ai eu beaucoup de chance. J’ai marché instinctivement dans sa vie. Et je suis tellement rempli de reconnaissance pour tout ce qui m’a été donné dans la vie ».
Chronique rédigée par Francis Guthleben


