L’avenir
« Nous ne pouvons plus éluder la question de l’avenir de l’humanité ». Ces mots, il les a prononcés en 1954. Ils sont furieusement et tragiquement d’actualité. Et le prix Nobel de la Paix a enfoncé le clou à l’époque : « C’est maintenant que toute l’horreur de notre existence se révèle à nous ». Il parlait du danger nucléaire. Celui des bombes et celui des essais. « Des expériences à grande échelle peuvent provoquer des catastrophes menaçant l’humanité ». Il l’a affirmé lors de son discours de réception du prix Nobel de la Paix en 1954. Il l’a répété ensuite dans plusieurs interventions radio. Au point que ses propos contre la bombe atomique ont provoqué une vive polémique, tout particulièrement en Allemagne.
En avril 1957, tandis que l’opposition rendait hommage à l’homme de Lambaréné, la presse des milieux gouvernementaux a condamné plus ou moins ouvertement ces interventions jugées dangereuses sur le plan stratégique et naïves sur le plan politique. Albert Schweitzer ne déviera jamais de sa ligne, ni sous les remous de l’opinion publique, ni sous les intimidations des services de renseignements américains, ni sous l’agacement du Général de Gaulle. Inlassablement il répétera son opposition aux armements nucléaires et obtiendra avec des collectifs de savants et d’intellectuels des moratoires sur les essais. Il disait par exemple : « Si on arrive à faire cesser les essais des bombes atomiques, ce sera pour notre pauvre humanité l’aube radieuse illuminée par le soleil de l’espérance à laquelle elle aspire ».
Le 20 avril 1962, Schweitzer écrivait encore une lettre au président John F. Kennedy pour attirer son attention sur l’énorme responsabilité qui était la sienne, « de protéger les générations futures ». La même année, pendant la crise de Cuba qui a été à deux doigts de déclencher une guerre nucléaire, Albert Schweitzer exhortait un éditeur américain : « Que le temps travaille pour ceux qui veulent supprimer les armes atomiques ».
Francis Guthleben publie cet automne Albert Schweitzer intime aux éditions AISL. L’ouvrage regroupe 100 témoignages sur le prix Nobel de la Paix recueillis dans le monde entier.
