Quand avez-vous appris que vous aviez un cancer ?
Ça s’est passé quelques jours avant Noël, fin décembre 2023. Avant de partir en Alsace, j’avais pris un rendez-vous médical parce que j’avais une douleur sous le bras. 6 mois avant, je disais à mes proches que j’allais avoir un cancer dans l’année. Je le sentais, car dans ma famille il y en a eu énormément.
Et le médecin l’a confirmé : un cancer du sein triple négatif à 33 ans. C’est un choc. Il faut commencer les traitements, organiser sa vie, entre mon travail et mes compétitions sportives. J’ai dû entamer le long processus avec les chimios, une double mastectomie, les reconstructions. J’ai terminé les traitements fin janvier.
Vous avez insisté sur le fait que vous étiez sportive. Quel est votre rapport au sport ?
Je suis licenciée dans un club de triathlon, et je fais aussi des trails. Quand on m’a annoncé mon cancer, j’avais beaucoup de courses programmées. J’ai tout de suite dit à mon médecin : « De toute façon, je vais les faire ». Il a souri. Il devait penser que j’étais dans le déni.
Mais il a vite compris parce que je suis venue en courant dès les premières chimios. Ça a été prouvé scientifiquement, un corps plus musclé va mieux réagir aux traitements toxiques. Alors je ne dis pas que tout le monde peut faire des compétitions, j’avais un certain niveau. Mais marcher, faire de la musculation, c’est important surtout qu’on perd beaucoup de muscles pendant le processus. Ça permet aussi d’éviter l’ostéoporose.
Donc ce qui m’arrive, je l’ai pris comme une compétition. Je me suis fait un agenda de sportive professionnelle. Bien sûr, j’ai eu des effets secondaires, mais j’ai fait avec. Le sport est un allié et je suis persuadée qu’il va me protéger. Et comme c’est un cancer du sein triple négatif, il n’y a pas de traitement contre la rechute, sauf le sport.
Vous avez d’ailleurs participé au Trail Alsace Grand Est, en mai.

Oui, en 2024 je n’avais pas pu le faire parce que j’avais déjà une compétition toutes les trois semaines. Donc cette année, je voulais le faire, avec mon père. Et ça s’est super bien passé. Mais j’ai quand même fait 5 minutes de mieux que lui ! Il espérait arriver main dans la main avec moi mais je lui ai dit : « Eh bien il fallait s’entraîner » (rires).
Est-ce que le sport vous a sauvé ?
Oh oui. Le sport m’a aidé parce que ça m’a permis de réduire les effets secondaires, et aujourd’hui je suis persuadée que c’est ce qui me maintient en vie. Je me levais et je pensais aux entraînements, à la compétition, et non pas en permanence à la maladie. Je ne me voyais pas comme quelqu’un de malade, et je ne renvoyais pas l’image de quelqu’un de malade aux autres.
Donc oui, le sport m’a clairement sauvée, et il peut sauver beaucoup d’autres femmes
L’info en plus
L’une des prochaines compétitions d’Eve Schaltenbrand, c’est la Bombers de Barcelone le 9 novembre, d’une distance de 10km.


