La futilité
« Notre masque de civilité me paraît presque criminel. L’essentiel est d’avoir en nous une lumière intérieure ». Si Albert Schweitzer était avec nous aujourd’hui, s’il s’exprimait ainsi, on dirait qu’il est éveilleur de conscience.
Voici ce qu’il disait : « S’ils abandonnent la légèreté naïve, un changement se produira dans la mentalité humaine et dans la mentalité de l’humanité ». Ces propos, il les a tenus à la fin de sa vie. Comme le signe de la fidélité à soi. À ses convictions et à ses engagements d’adolescent. Il a lutté contre les démentis de l’expérience pour garder intacte sa foi au bien et au vrai. Il a d’ailleurs dit un jour : « Si les hommes devenaient en réalité ce qu’ils sont à quatorze ans en possibilité, que le monde serait différent ! L’idéalisme juvénile à raison. C’est un trésor qu’il ne faut échanger contre rien au monde ».
Schweitzer est resté toute sa vie un adolescent parfois bravache, parfois impétueux, mais toujours sincère et vrai et n’est jamais devenu un homme raisonnable. Il le recommandait même à chacun, pour obtenir le résultat suivant : « Nous serons devenus plus profonds et plus moraux et nous aurons fait un pas décisif vers une nouvelle civilisation et vers la paix dont elle est la base ».
Et qu’on ne se méprenne pas il n’y a ni candeur, ni angélisme dans ces propos d’Albert Schweitzer. Il y a le sens du devoir, de la responsabilité, du renoncement, pour devenir au prix d’efforts continus « de plus en plus véridiques, de plus en plus purs, de plus en plus pacifiques, de plus en plus indulgents, de plus en plus miséricordieux ».
Dans cette fournaise, disait Schweitzer, le fer malléable de l’idéalisme juvénile se change en acier inaltérable de l’idéalisme conscient. Avec cette conviction inoxydable : « Toutes les semences de bonté qu’un homme répand dans le monde lèveront un jour dans le coeur et la pensée des autres hommes ». Alors heureusement qu’il n’a pas été un adulte comme les autres notre Albert Schweitzer. Vous ne croyez pas ?
Francis Guthleben publie Albert Schweitzer intime aux éditions AISL. L’ouvrage regroupe 100 témoignages sur le Prix Nobel de la Paix recueillis dans le monde entier.
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Chronique rédigée par Francis Guthleben
