La peinture et la création ont toujours été présentes dans votre vie ?
J’ai ce goût pour la création depuis l’enfance. Je pense que ça vient de ma grand-mère, qui était de Gunsbach. Elle faisait des chapeaux, beaucoup de couture, du dessin aussi. À l’école, j’étais nulle partout sauf en dessin (rires). En plus, je ne voulais pas faire d’études. Donc j’ai commencé à travailler assez tôt, après un bac d’arts appliqués. Créer, c’est un besoin vital chez moi. Je me suis d’abord fait la main dans une société de papier à Ensisheim. Par la suite, je me suis mise à mon compte avec mon mari. On avait notre boîte de création graphique pendant 25 ans. J’ai aussi commencé à donner des cours dans des écoles. Cela a donné lieu à un travail avec l’Unicef, je récoltais des dons via des oeuvres et des expositions. En 2010, j’ai pris un virage, j’ai commencé un travail alimentaire en Suisse, puis j’ai travaillé à la boutique du musée Unterlinden à Colmar. Et après cela, j’ai trouvé un autre travail, dans le thé. Ça n’a rien à voir, mais ça me plaît (rires).
Vous n’avez pas abandonné la création pour autant, puisque vous collaborez avec la Maison Albert Schweitzer. Comment cela s’est fait ?
En 2013, j’ai fait un portrait d’Albert Schweitzer pour une exposition à l’hôpital du même nom, à Colmar. J’ai fait ce choix à cause du nom de l’hôpital, mais aussi parce que mes parents étaient de la vallée de Munster et que j’ai habité Gunsbach. Mon grand-père a correspondu avec lui et ma grand-mère le connaissait. Après tout, c’était le pasteur du village. Et ici, tout le monde avait des portraits de lui dans sa maison. Albert Schweitzer, c’est un peu comme la reine d’Angleterre dans la vallée de Munster (rires).
Un jour, je suis allée au musée de Gunsbach pour archiver la correspondance de mon grand-père avec le docteur. J’en ai profité pour montrer le portrait réalisé pour l’hôpital et Jenny Litzelmann, la directrice du musée, a dit : « On va en faire des cartes postales ! ». Plus tard, après des travaux d’extension au musée, le portrait est devenu l’emblème de l’établissement. J’ai commencé à créer des produits dérivés pour le musée : des sachets de thé avec le portrait d’Albert Schweitzer dessus, des savons, étuis à lunettes, stylos, un jeu pédagogique. Aujourd’hui, je me donne à fond pour ce lieu, bénévolement. À côté, je vends toujours du thé.

Parmi ces produits, il y a aussi une image, celle présente sur la couverture du livre Mon Schweitzer.
Quand on a commencé à créer les produits dérivés, on s’est rendu compte que tout était noir et blanc. On s’est dit qu’il faudrait amener un peu de couleurs. Avec Jenny, on a eu l’idée de « Warholiser » Schweitzer. C’est comme ça que cette illustration a vu le jour. Les gens l’adorent, ça marche super bien. Francis Guthleben, à l’origine de Mon Schweitzer, a vu une carte postale avec cette image et il a trouvé qu’elle correspondait à son livre.
Étant bénévole au musée, quel lien avez-vous avec Albert Schweitzer ?
Ce côté bénévole justement, je pense que c’est un lien que j’ai avec lui, avec « l’esprit Schweitzer ». Il y a cette volonté de récolter de l’argent pour les autres, comme j’ai pu le faire avec l’UNICEF et des expositions à but non lucratif.
Là, j’ai vu que le travail artistique pouvait permettre de récolter des fonds pour sauver des vies, en l’occurrence pour acheter des pompes à eau. Avant de m’intéresser au docteur, je n’avais jamais compris pourquoi je me sentais si bien quand je faisais quelque chose pour zéro euro. Maintenant je le sais.

Pour terminer, que faut-il retenir de lui, 150 ans après sa naissance ?
Bonne question. Je dirais surtout le respect de la vie. Même si Albert Schweitzer, c’est beaucoup de choses. C’est aussi un artiste, le fondateur d’un hôpital. Derrière lui, il y a aussi cette idée de précurseur. Aujourd’hui, on est dans un tas de situations qu’il avait prédit et qu’il voulait éviter. En résumé, je pense que ce qu’il faut retenir de lui, c’est l’humanité. Un peu plus d’humanité, ça ferait du bien à tout le monde
L’info en plus
Le portrait offert par Sandra Meisels à l’hôpital Schweitzer de Colmar est visible à l’entrée d’une salle de réunion nommée Albert Schweitzer
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