lundi 17 novembre 2025
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Alexis Weigel – Le nouveau chapitre de son histoire

Le Festival du livre de Colmar est de retour du 22 au 23 novembre pour sa 36e édition. Elle est marquée par un départ. Jacques Lindecker, son conseiller littéraire depuis 6 ans, s’en va. Pour le remplacer, Alexis Weigel a été choisi. Un Mulhousien en remplace un autre. Libraire depuis 7 ans, son établissement, bien caché dans les allées de la galerie Engelmann à Mulhouse, c’est 47 Degrés Nord. Grand amoureux de la littérature depuis l’enfance, il arrive au Festival avec une ambition : mettre un livre dans les mains du plus grand nombre de personnes possible.

2025 marque votre arrivée au Festival du livre de Colmar. C’est un gros changement, comment vous le vivez ?

C’est un honneur. C’est un événement important dans le milieu du livre en Alsace. Et c’est pour moi l’occasion de découvrir un nouveau format de travail, un salon classique, donc je le prends comme une expérience supplémentaire et l’occasion d’en apprendre encore plus. Je le vois aussi comme une reconnaissance du travail effectué.

Vous remplacez Jacques Lindecker. C’est lui qui vous a demandé de prendre sa suite ?

Oui. Je l’ai rencontré à la libraire 47 Degrés Nord où je travaille. Dans le monde du livre, on finit tous par se croiser. Il y a deux ans, il m’a contacté en me disant qu’il réfléchissait à passer la main. Il tâtait le terrain. Puis il est revenu vers moi en début d’année en me disant qu’il aimerait que je prenne la suite. J’ai réfléchi, parce que c’est du travail et du stress supplémentaire, mais j’ai fini par accepter.

Jacques Lindecker a dit : « Un Mulhousien remplace un Mulhousien. On dirait bien que les meilleurs sont à Mulhouse ». Qu’en pensez-vous ?

Le plus important, c’est la compétence des gens. Donc je n’irais pas jusqu’à dire la même chose que Jacques (rires). Bien sûr, je suis très attaché à ma ville. Mais plus globalement, je suis attaché à mon territoire. Et puis il y a Belfort, Bâle, Fribourg, Colmar, les Vosges, tout ça, c’est aussi mon territoire de vie. Quand j’étais plus jeune, j’étais content d’aller aux Eurockéennes, à la Foire aux Vins. Voilà pourquoi je considère que travailler pour le Festival du livre de Colmar, c’est aussi travailler pour mon territoire.

L’affiche de la 36e édition du Festival. / ©DR

Pour votre première année, l’événement se dote d’une marraine. Et pas n’importe qui : Raphaëlle Giordano. Pourquoi elle ?

Quand on a discuté avec Récamier, sa maison d’édition qui est l’invitée d’honneur, le nom de Raphaëlle Giordano n’a pas pu être évité. Elle est déjà venue l’année dernière et elle a apprécié son passage. De plus, elle est extrêmement populaire, les gens l’aiment. Elle a cette capacité à échanger avec le public, et le costume de marraine correspond bien à cela. Son nom s’est vite imposé comme une évidence. Alors on s’est dit que la faire revenir serait l’occasion de créer ce statut. J’ai envie de développer ce rôle à l’avenir.

La programmation est fournie, avec pas mal de bien-être et de grands noms, dont Douglas Kennedy. Une belle prise.

La venue de Douglas Kennedy, c’est une responsabilité et un grand honneur. Il faut que l’événement soit à la hauteur de ses attentes, mais j’ai confiance. Il est venu en octobre dernier à la librairie 47 Degrés Nord. Ça s’est très bien passé. Donc pour la programmation du Festival, évidemment, j’ai pensé à lui. Le fait que le Forum Latitude de Mulhouse se déroule en même temps que le Festival du livre lui permet d’intervenir sur les deux événements. Cela, plus la possibilité de parler de son pays et de sa littérature, ça l’a convaincu. Quant au reste de la programmation, mettre du bien-être n’est pas une volonté personnelle. J’ai compris que l’événement s’assumait populaire, familial, et qu’il creusait un peu ce sillonlà. Donc j’ai simplement poursuivi dans cette voie. Je suis attaché au fait que le livre doit parler à tout le monde. Mon objectif, c’est que les gens lisent, qu’ils aient envie de lire, qu’ils aiment lire. Et le bien-être entre dans ce cadre-là.

Toutefois, dans la globalité, j’aimerais que les visiteurs retiennent l’éclectisme de la programmation, la conjugaison du populaire et du savant. Ça parlera à tout le monde. J’espère que ça peut amener des gens à la lecture et donner l’envie aux lecteurs actuels de continuer de lire. Le livre est en difficulté. Le temps d’écran, c’est un temps négligé pour la lecture. Or, quelques minutes de lecture par jour, c’est important pour l’esprit, le développement de notre pensée critique, notre façon de communiquer. Mon modeste travail, c’est de maintenir une relation entre le livre et le citoyen, de mettre des livres dans les mains des gens.

Passage de relais entre Jacques Lindecker et Alexis Weigel. / ©EG

On le voit, le livre occupe une grande place dans votre vie. Comment cet amour est-il né ?

Je dirais que c’est venu par mes parents. Quand j’étais petit, ils m’ont laissé lire à peu près ce que je voulais. Très jeune, je me suis penché sur Chair de poule. J’ai lu Shining à 11 ans.

J’ai développé un goût pour la capacité qu’a un livre à susciter un imaginaire. Mettre un visage sur un personnage, je trouve ça fascinant. Après, j’ai fait des études littéraires, d’histoire. À ce moment-là, je voulais faire journaliste, pour commenter le Tour de France (rires). Finalement, j’ai bifurqué vers l’enseignement. Mais je ne me suis pas épanoui. J’ai alors entamé une licence librairie à Mulhouse et je suis allé chez 47 Degrés Nord pour un stage. Très vite, ils m’ont embauché, et j’ai fini par reprendre la librairie.

Justement, vous l’avez dit plusieurs fois, le livre est en difficulté, les Français lisent de moins en moins. Qu’avez-vous à leur dire ?

On est tous plus ou moins prisonniers de nos téléphones. Moi le premier, c’est la marche du monde. Je pense que, par conséquent, le livre devient une discipline, comme un entraînement de sport. Il faut savoir prendre un temps pour mettre le téléphone de côté et prendre un bouquin. Ça va beaucoup plus nous enrichir qu’un quart d’heure sur Twitter. Après, on se sent mieux. Quant aux librairies, ce sont des lieux de vie, d’échange. C’est quand même mieux que les algorithmes, non ?

L’info en plus

Alexis Weigel a écrit On ne se rendra pas aux éditions Médiapop. Il y parle de son amour pour le FCSM et de son histoire à la dimension socio-politique.


Ses préférences

  • Une réalisatrice : Sofia Coppola
  • Un livre : Le maître des illusions, de Donna Tartt, « Ma bible absolue »
  • Un artiste musical : Le groupe Bloc Party
  • Un endroit hors d’Alsace : L’Islande

Repères

2002 : Il se rend pour la première fois au Stade Bonal de Sochaux et devient fan du club.

2018 : Il lance le Forum Latitude à Mulhouse.

2023 : Le FCSM est sauvé par ses supporters.

2025 : Il prend la suite de Jacques Lindecker

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