Entre 1486 et 1487, Henri Institoris et Jacques Sprenger, deux moines dominicains ont publié le Malleus Maleficarum, traité de théologie dans lequel ils spécifiaient comment trouver une potentielle sorcière et ce qu’il fallait lui administrer pour qu’elle avoue ses actes.
Officiellement interdit en 1490, le Malleus Maleficarum fut réédité 34 fois jusqu’en 1669. Durant cette néfaste période, environ 1600 personnes ont été victimes de l’inquisition en Alsace, dont plus de 500 dans le Haut-Rhin. Pour autant, tous les cas de procès pour sorcellerie ne sont pas connus. Dans cette chasse à la sorcière, n’importe qui pouvait être accusé. Il suffisait d’une dénonciation, de mauvaises récoltes, de décès d’animaux ou d’enfants pour qu’un responsable soit désigné et accusé de pacte avec le diable, peu importe sa classe sociale et son niveau de vie.
Après interrogatoire, la sorcière était amenée au tribunal de Rouffach, dans la cave de l’actuel restaurant Hexakessel. Là, les magistrats la jugeaient sur les aveux qu’elle avait faits à l’inquisiteur sous la torture. Si elle était désignée coupable, l’exécution était immédiate. Certains cas pouvaient ne pas amener à une exécution : une femme de Gueberschwihr a résisté à l’estrapade et n’a jamais avoué. Elle a été condamnée à rester à demeure. Elle est tout de même décédée quelque temps après, probablement de la suite de ses blessures dues à la torture.
À l’issue de la guerre de Trente Ans (1618-1648), l’Alsace devient française. Sous le règne de Louis XIV, en 1682, l’édit de juillet interdit définitivement les procès de sorcellerie.