mercredi 26 novembre 2025

Schweitzer nous parle

Exhorter à l’action est une composante essentielle et permanente dans les prises de paroles d’Albert Schweitzer

Servir

C’était le cas lorsqu’il était jeune pasteur. Ce fut le cas jusqu’à la fin de sa vie. Il disait : « Je crois en général que ceux qui sont privilégiés d’une façon ou d’une autre dans leur existence, doivent se sentir poussés par la reconnaissance de servir et de rechercher la façon de servir que leur vie et les circonstances leur offrent ».

Schweitzer a toujours été clair : chacun doit rendre service à autrui et chacun par son action individuelle peut accomplir ce service. Déjà en 1903, il disait : « 100 000 pages ne suffiraient pas à consigner toutes les abominations commises par les peuples européens envers les peuples païens. Il n’y a qu’une manière d’expier et de réparer : envoyer à ceux qui ont connu les chrétiens sous les traits de loups dévorants, des bergers ».

Un an plus tard, à l’automne 1904, il trouvait dans un journal un appel à bonne volonté pour porter aide et assistance en Afrique. Et ce n’est qu’à la fin du printemps 1905 qu’il prit véritablement la décision de servir. Son argumentation : « Si je me suis décidé à étudier sur le tard la médecine, c’est parce que je voulais après avoir servi par la parole, servir sans parole ».

Les éléments du puzzle de sa vie venaient de se mettre en place. Tout prenait sens. Au point qu’il dira à la fin de sa vie : « Ma destinée était Lambaréné ». Mais comme il l’a reconnu, il a dû mener de rudes combats contre ses parents et ses amis pour faire accepter son choix. Tous lui reprochaient de ne pas leur avoir témoigné assez de confiance pour en discuter d’abord avec eux. Hélène, qu’il n’épousera que sept ans plus tard, a été une des rares dans la confidence. Il lui écrira : « Je te remercie d’avoir été avec moi tout au long de cette année et d’en avoir partagé les peines et les joies. Tu m’as aidé à voir clair et à marcher droit ».

À partir de ce choix personnel de s’engager contre vents et marées en Afrique, il a multiplié les appels pour réconcilier les privilégiés et les exclus. Il a même fixé ce qu’il appelle « une mission intérieure pour chaque homme ». Toute personne qui a chuté ou qui se trouve dans la détresse doit pouvoir trouver un être humain qui s’occupe de lui. Autrement dit… à chacun de servir.

Francis Guthleben vient de publier Albert Schweitzer intime, aux éditions AISL. L’ouvrage regroupe 100 témoignages sur le prix Nobel de la Paix recueillis dans le monde entier.

Retrouvez l’ensemble des articles sur Albert Schweitzer : L’année Schweitzer

Chronique rédigée par Francis Guthleben

 

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