L’épreuve
« Mon père m’envoya à l’école. Je pleurais à chaudes larmes tout le long du chemin ». À l’âge de 7 ans, une amélioration semble poindre avec cette remarque : « Se révèle capable d’exécuter sur l’harmonium des cantiques avec accompagnement de son cru ». Mais voilà, il est question de musique et nullement des autres matières. Le fond est le même… « J’avais peine à rester penché sur un livre. Les yeux vers les montagnes ».
Albert Schweitzer est sensible à la nature, attentif à ce qui l’entoure, bouleversé par tout ce qui peut faire souffrir les humains et les animaux, mais les livres et les cahiers ne retiennent pas son attention. Il dit : « Je me doutais bien qu’une existence de travail allait commencer ».
Après un passage à Munster, les débuts au lycée de Mulhouse sont besogneux aussi, notamment en langues et en mathématiques. Pour les sciences naturelles, le jeune Albert a de quoi redire. Il en a laissé une trace : « Je ressentais comme une offense qu’on se refusât à reconnaître le mystère absolu de la nature et qu’on eut la hardiesse de nommer explication ce qui n’est que description plus pénétrante ». Restait l’histoire, qu’il aimait et dont il dévorait les ouvrages, pour obtenir le baccalauréat, mais de façon juste satisfaisante.
Et là encore les choses ont failli mal tourner. À l’épreuve orale, il portait le pantalon trop court et trop large de son oncle au point que l’inspecteur général crut d’abord à un mauvais plaisantin, avant de comprendre que le lycéen devant lui manque d’argent pour se vêtir à sa taille.
Retenons aussi que Schweitzer nous donne une fois de plus une leçon de résilience dans cette scolarité à contrecoeur. Pendant 18 mois, alors qu’il est lycéen à Mulhouse, il donne des cours particuliers à des camarades à la peine. Il se fait payer pour cela. Si bien que cela lui permet d’acheter sa première bicyclette d’occasion, synonyme de liberté, et d’offrir un voyage en Suisse à sa mère et à ses soeurs Louise et Adèle.
Francis Guthleben vient de publier Albert Schweitzer intime, aux éditions AISL. L’ouvrage regroupe 100 témoignages sur le prix Nobel de la Paix recueillis dans le monde entier.
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Chronique rédigée par Francis Guthleben
