Même si j’avais vu le film La Coccinelle à Monte-Carlo, je n’avais jamais rêvé d’en conduire une. Et pourtant, il y a peu, on m’a jetée dedans. Elle n’arborait pas le numéro 53, certes, mais son Levi’s sur le nez a suffi à me convaincre.
Elle était là, attendant ma venue, sur un parking, à côté de ses copines, de ses cousines, de ces bons vieux T2 qui rappellent les années hippies et les débuts des road trips à l’américaine. Je passais par-là, au volant de ma voiture du XXIe siècle, et les belles couleurs de ces vieilles dames m’ont attirée, je me suis arrêtée.
En approchant leurs propriétaires, une unique phrase a lancé le début de cette belle soirée : « Elle est où vot’ Cox ? », m’a-t-on demandé. « Je n’en ai pas », ai-je répondu. « J’ai opté pour la marque à l’étoile ». C’était un bon début, d’après ce que j’ai cru comprendre. Peut-être me voyaient-ils déjà sillonnant les routes alsaciennes à bord d’une autre vieille allemande.
Revenons-en aux Cox : l’une d’elles, le coffre ouvert, faisait office de bar alors qu’une table à côté proposait toutes sortes d’amuse-bouche. Ça creuse l’appétit de parler mécanique. J’ai rencontré Fred, Denis ou encore Seb. Ils m’ont raconté la fierté de posséder ces vieilles dames, la passion de leurs belles courbes, le bonheur de leurs ronronnements. Voilà déjà 19 ans qu’ils se rassemblent pour sortir leurs mamies. Fred venait avec sa fille en poussette, ce soir elle viendra au volant de son combi à fleurs.
Denis, lui, a initié son propre père, aujourd’hui il a une plus grande collection que lui. Tant d’histoires que la marque a créé. Fred m’a aussi dit que les rassemblements colmariens étaient nés de sa rencontre avec Christian, celui à qui appartient le parking. Ils ont la même voiture – enfin Christian aurait, paraît-il, une collection de rêve – mais, malheureusement, il ne pouvait pas être là. À peine le temps de faire la rencontre de tous ces passionnés de belles mécaniques que, déjà, toutes les voitures repartent.
« On va faire le tour de Colmar », m’a-t-on dit. C’est leur petit rituel, pour le bonheur de leurs yeux et leurs oreilles, sûrement aussi celui des passants qui les ont croisés ce soir-là. Je les ai remerciés et je suis partie, en leur promettant d’écrire dans mon journal un papier à la hauteur de leur passion. Je suis montée dans ma Mercedes suréquipée et je me suis dit que oui, ça doit être chouette d’en conduire une, surtout si elle porte le numéro 53.