Car c’est une pure merveille de tremper le männele – ou mannala, selon la zone alsacienne où se passe le plongeon – dans du chocolat chaud, avant de le dévorer ! Pourvu qu’on maîtrise bien l’art du geste, parce que sinon, la jolie nappe brodée de mamie en prend un coup.
Mais saviez-vous que selon certaines sources, cette brioche à forme humaine représenterait le grand Saint-Nicolas en personne ? Déjà, compte tenu des cadeaux qu’il apporte aux mouflets, je trouve moyen-sympa d’en faire son goûter, mais il y a encore pire. Car on y voit parfois aussi… les petits enfants de la légende ! Oui, ceux qui ont été transformés en petit salé par un boucher sadique. Non mais quelle horreur. C’était bien la peine que le bon évêque les ressuscite in extremis !
À l’heure où les prises de conscience les plus diverses se succèdent, une nouvelle approche s’impose. Comme on le sait, le nom de männele signifie « petit homme » (on est dans une espèce de cousinade avec le bonhomme de pain d’épice). Du coup, si au lieu de le décorer de pépites de chocolat, de raisins secs ou d’une nappe de sucre, on le recouvrait d’un glaçage pistache ou d’angélique confite, on obtiendrait un greeni männele.
Un petit homme vert. Un martien, quoi. Qu’on prendrait soin, pour rester cohérent, de présenter sur une soucoupe ! Psychologiquement moins traumatisant, non ?
En tout cas, sauf si des aliens dépourvus du moindre sens de l’humour nous observent, prêts à venir en représailles nous croquer tout cru après nous avoir trempés dans un choutzbenplörk bien chaud, ça pourrait faire le job.
Sylvie de M