jeudi 14 novembre 2024
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Philippe Heimburger – La qualité alsacienne

Créé en 1996, le Club des Saveurs d’Alsace regroupe aujourd’hui douze entreprises emblématiques, fleurons de l’industrie agroalimentaire d’Alsace qui partagent la même volonté de porter haut les couleurs de la gastronomie alsacienne en restant fidèles à leurs valeurs fondatrices. Les membres du Club font face aux nouveaux défis concurrentiels, sociétaux, environnementaux et surtout économiques. Pour commencer l’année, l’invité de la rédaction est le président du GIE (groupement d’intérêt économique) du Club des Saveurs d’Alsace, le directeur général des Pâtes Grand’Mère.

Le Club qui est devenu une famille d’entrepreneurs doit beaucoup à votre maman Hélène Heimburger, elle est à l’origine de sa création en 1996 !

Oui, c’est parti d’une discussion avec Jean Schwebel, Michel Haag, Roger Roposte et Pierre Schulé. Ils se sont dit « nous sommes des entreprises patrimoniales, on se connaît et on fait de bons produits, on pourrait faire des opérations commerciales sur les points de vente ». Je crois que la première opération a eu lieu à Cora Mundolsheim. Il y avait même des chorégraphies des Saveur’s Girls. 

Ce qui est dingue, c’est que la génération d’après ces créateurs du Club est à la tête de ces grandes marques alsaciennes !

Oui, ce sont des entreprises multigénérationnelles, la plus ancienne est Meteor avec la huitième génération ou Fortwenger qui a 255 ans, Alélor 150, Carola 135, ou Pâtes Grand’Mère 90… Si on cumule le tout, c’est 1733 ans d’histoire. Toutes ces marques sont des monuments de la gastronomie alsacienne. 

Comment fonctionnez-vous ? 

Pendant 22 ans, il n’y avait pas de statuts. Les patrons se connaissaient, ils s’entendaient bien, ils fonctionnaient à la confiance pour un but commun, favoriser les marques et faire du chiffre. Une parole était une parole. Cela a permis de créer des liens entre les équipes commerciales qui ont appris à travailler ensemble. Il y avait une forme de déontologie, on ne débaucherait pas les salariés chez un autre membre du Club. Il y avait une mutualisation des moyens, mais aussi des coûts, et c’est toujours le cas aujourd’hui. Nous avons créé un GIE (avec Alsace Lait à l’époque, mais la marque a quitté le club il y a un an). Lorsque nous avons des décisions à prendre, c’est collégial, et puis, lorsque l’on organise des opérations commerciales, c’est ou tout le monde, ou personne, c’est la règle.  

Des journées spéciales sont organisées par le Club des Saveurs d’Alsace chaque semaine en Alsace, mais aussi sur d’autres territoires./ ©DR

C’est une force économique alsacienne !

C’est une vraie force parce que nos marques sont résilientes, elles résistent à l’époque actuelle, et on arrive encore à faire des performances commerciales grâce à la notoriété des marques et aux valeurs qu’elles véhiculent. On a toujours fait des produits de grande qualité, on a toujours été intransigeant avec ça. Et puis, on participe à la vie régionale, avec nos engagements dans les clubs sportifs locaux, dans les villages. Nous sommes terriblement investis dans le tissu local. 

Les marques du Club offrent des tonnes de produits chaque année, à la Banque alimentaire, aux Restos du cœur, c’est important ?

Cela fait partie de notre politique RSE, de nos engagements sociétaux. Les temps sont difficiles, même pour nous, mais nous continuons à aider les gens dans le besoin malgré tout. Les demandes sont de plus en plus importantes. 

Quel est le plus grand danger qui vous guette ? 

Le danger ne viendra pas de notre côté, pour plusieurs raisons. Par exemple, parce que nous avons développé des filières. Nous avons en face de nous des leaders nationaux et internationaux, et pour faire face à cette concurrence, nous sommes super innovants sur le packaging et sur les produits, sur l’aspect environnemental. Il y a des innovations dans toutes les entreprises du Club. Si nous voulons être encore là demain, il faut que l’on soit meilleurs que les gros, parce qu’on n’a pas les mêmes moyens. On ne peut pas balancer des campagnes de pub dans les médias nationaux par exemple. On n’oublie jamais de rappeler que les achats des Alsaciens sont les emplois des Alsaciens. Mais il faut continuer à avancer, parce que les autres ne nous attendent pas. 

Quelques-uns des membres du Club des Saveurs d’Alsace, en haut de gauche à droite : Éric Buckenmeyer (animateur), Éric Ferry (Pâtes Grand’Mère), Arnaud Meyer (PDG Meyer’s), Serge Fleischer (Directeur d’établissement Arthur Metz), Philippe Heimburger (Président du GIE), Alexia Metz (Directrice marketing Pierre Schmidt), Nicolas Schulé (PDG Cafés Sati), Alain Trautmann (PDG Alélor), Alain Jansen (Directeur export Pierre Schmidt). En bas de gauche à droite : Nicolas Meckert (Directeur général de Boehli), Steve Risch (Directeur général Fortwenger), Anita Schaeffer (Directrice commerciale de Boehli), Claudine Roposte (Directrice générale de Feyel), Julian Schmitt (Directeur marketing de Carola), Claudine Brandner (Animatrice). (Il manque Édouard Haag, PDG de Meteor, parti avant la prise de vue). / ©Dr

Cela signifie que les Alsaciens vont continuer à vous faire confiance ? 

La consommation des produits locaux représente 8 %, alors que la moyenne nationale est de 2,1 %. L’Alsace et la région de France où l’on consomme le plus de produits locaux (les Bretons sont quatrièmes) et pour nous c’est une vraie fierté. En 27 ans de Club, je pense que nous avons fortement contribué à atteindre ces chiffres-là. Nous avons quinze certifications, huit entreprises sur les douze sont labellisées Alsace Excellence. Les Alsaciens sont chauvins, quand ils partent en vacances, ils emportent leur paquet de spaetzle, et puis on dit bien Meteor jusqu’à la mort ! (rire) 

Comment voyez-vous l’avenir du Club ?

Nous allons continuer à créer de l’attachement aux marques. Pour nous, le plus important c’est de préserver cela et de ne jamais dégrader la qualité de nos produits.   


 

Les chiffres

Ensemble, ces douze entreprises leaders de l’agroalimentaire en Alsace représentent aujourd’hui 1 600 collaborateurs directs et 3 000 emplois indirects dans la région, un chiffre d’affaires global HT de près de 365 millions d’euros (chiffre 2022), un volume de produits commercialisés de 91 650 tonnes (solides et liquides), une production à plus de 95 % exclusivement alsacienne, 1 733 ans d’histoire d’entreprises et de savoir-faire purement alsacien. Les qualités de leurs produits et de leur management sont reconnues par plusieurs labels et certifications.

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