samedi 23 novembre 2024
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Houssen – Dans la peau de Céline Martin

C’est dans son atelier de Houssen qu’on l’attendait. C’est à Strasbourg, dans ceux du Bastion 14 qu’on l’a retrouvée. Céline Martin : une artiste au « parcours atypique », comme elle dit.

Plurielle, diplômée en sciences humaines, cette éducatrice spécialisée finit par se former à la céramique, avant d’ouvrir son atelier.

« J’ai toujours poursuivi de manière très consubstantielle ces parcours, et toute ma pratique artistique s’est développée autour des éthiques du Care (« soin », ndlr) ». « Éthique, altérité, vulnérabilité » sont ses champs de pratique et de recherche. Au sein d’instituts médico-sociaux, comme avec l’Adapei Papillons Blancs d’Alsace, où elle accompagne des résidents « en situation de handicap mental » et aux « capacités artistiques singulières ». Verre de thé à la main, Céline refuse de différencier selon la présence ou non de handicap : « En fait, il n’y a que des artistes », tant l’état médical des résidents ne constitue pas toute leur identité.

« À Renouveler »

Selon la politologue Joan Tronto, « le ‘Care’ est une activité caractéristique de l’espèce humaine qui recouvre tout ce que nous faisons dans le but de maintenir, perpétuer et réparer notre monde afin que nous puissions y vivre aussi bien que possible », explique Céline. Corps, personnes, environnement. Une dimension qui se retrouve inlassablement dans son travail, comme dans « À Renouveler », un subtil mélange d’ordonnances médicales, saturées de fils, qui créent de nouveaux stigmates, aux couleurs jaunes, brunes, rouges, « que je répare, au point de ne plus voir le papier ». La peau : l’image qui lui est sans cesse renvoyée.

Ce soin, Céline le reproduira dès la rentrée, avec l’artiste plasticien Claude Lory, à l’Abbaye d’Alspach, à Kaysersberg. Un lieu cloîtré dans une usine de carton où de la pâte à papier laissée sur les murs ou les machines formera un nouvel épiderme, ce « premier médium qui permet de ressentir, de donner une information sur ce qui nous entoure ». Comme « pour rassurer un malade » à qui l’on « prend la main ». D’une certaine façon, l’art du soin, réel ou imagé.

Christophe Nonnenmacher

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