mercredi 4 décembre 2024
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Fürsy von Colmar – La drag queen émoustille l’Alsace avec sa knack fatale

C’est un personnage haut en couleur, exubérant et pétillant. Avec son accent alsacien et ses tenues baroques, la drag queen Fürsy von Colmar, campée par le comédien Geoffroy Peverelli, secoue la scène régionale avec son spectacle Knack Fatale. Le Petit Futé l’a même désignée « personnalité de l’année ». Maxi Flash est allé à la rencontre de Fürsy, et de Geoffroy.

À qui je m’adresse, Geoffroy Peverelli ou Fürsy von Colmar ?

Je suis Fürsy von Colmar, la plus grande drag queen alsacienne, et une grande chanteuse à voix. En même temps c’est plutôt facile, il y en a très peu. Je me lance un peu des fleurs, vu que personne ne m’en jette. Ah, si, parfois, mais dans la gueule ! Sinon, je viens de Colmar, je suis né ici. Donc mon nom, je ne l’ai pas volé. Et la personne derrière Fürsy von Colmar, Geoffroy Peverelli, vient de Oberhergheim. Vous savez, quand j’entre dans un lieu, ça fait 3 ans que je ne me présente plus en Geoffroy (rires). Même sur les contrats de travail, c’est Fürsy von Colmar. Il n’y a que le comptable qui sait mon nom, en général. Mine de rien, le travail et la vie privée s’imbriquent beaucoup, donc parfois, Geoffroy n’existe plus que sur des papiers. C’est un peu étrange. La créature a pris possession de moi !

Et comment est née cette « créature », Fürsy von Colmar ?

Je sais comment c’est arrivé. Je chantais déjà, mais je voulais écrire des morceaux pour moi, tout seul. Et j’ai vraiment très mal écrit. C’était mauvais, romantico-ringard. Comme je n’avais aucune distance sur moi-même, Geoffroy, j’ai eu besoin de créer une entité, féminine, car j’aimais bien me déguiser, et j’aimais bien les drag queens aussi. Je me suis demandé comment faire rire. J’ai alors pris l’accent de ma tante, de mes parents, et tout un langage est venu avec ça. Je me voyais très bien en robe volante de 15 kilomètres, avec une coiffe alsacienne… La folle du désert, mais sur la route des vins ! Je voulais créer un personnage alsacien, avec tous les codes de la région, en me disant que ça pouvait être très rigolo de s’en moquer. Je me suis dit que jouer avec des saucisses et des bières, ça doit forcément plaire (rires). Ça m’a apporté une liberté de ton que je n’ai pas dans la vraie vie. Avec Fürsy, je peux m’amuser, je n’ai aucune peur.

« Je me rends compte au fur et à mesure que ça impose une certaine responsabilité. »

Fürsy, ce n’est pas un prénom très courant de nos jours.

J’ai regardé sur Internet quels étaient les prénoms anciens alsaciens. Il y avait Fürsy, qui était donné pendant 100 ans aux garçons comme aux filles. Parfait pour une drag queen. En plus, j’ai la chance d’avoir travaillé chez Madame Arthur à Paris, et à la Machine du Moulin Rouge. Et entre les deux, il existait La boîte à Fürsy, qui était un autre cabaret, détruit depuis.

Madame Arthur et la Machine du Moulin Rouge, deux établissements prestigieux. Comment êtes-vous arrivé là-bas ?

J’ai fait des études de théâtre ici, à Colmar, puis à Paris. J’ai enchaîné sur le conservatoire du 10ème arrondissement, puis j’ai joué dans des pièces. Au bout de 10 ans, j’ai eu la chance d’être engagé dans des comédies musicales, et là, d’un coup, je me suis rendu compte que ce qui me plaisait c’était aussi de chanter. Alors j’ai créé Fürsy von Colmar, et j’ai auditionné pour des cabarets parisiens. J’ai donc travaillé surtout sur Paris pendant 3 ans avec Fürsy. Aujourd’hui, je joue en Alsace. J’ai créé une compagnie, JolieJo, avec Agathe Jolivet, metteuse en scène. On va jouer notre spectacle plusieurs fois ici, c’est génial.

Ce spectacle, c’est Knack Fatale ?
Oui ! Nous avons pris le personnage de Fürsy, et nous l’avons implanté dans les années 1940. C’est la plus grande star de son époque, mais dès la première minute de son spectacle, elle s’étouffe avec une knack. Quelle conne ! Elle tombe dans le coma pendant 80 ans, et quand elle se réveille, on est en 2024. Elle se rend compte que tout le monde pense que c’est une traîtresse, qu’elle a couché avec un général nazi… Elle va donc essayer de retrouver la mémoire et sa gloire. Les retours sont trop cools, on l’a joué à Paris chez Madame Arthur, ainsi qu’à Biarritz et à Nantes. Nous avons 5 salles en Alsace. Je suis content de pouvoir jouer ici. La première fois, c’était au Casino Barrière de Ribeauvillé, il y a un an. Je me demandais si ce personnage allait passer auprès du public. Quand ça a commencé, je me suis cognée dans une table et j’ai crié « Kopfertami ! ». Tout le monde a rigolé, alors je me suis dit que c’était bon. Je veux qu’ils ressortent du spectacle avec la banane, tout en ayant en filigrane l’histoire de l’Alsace et ses clichés.
Fürsy von Colmar se produira sur la scène de la Salle Europe de Colmar le 7 décembre, pour son spectacle Knack Fatale. / ©JolieJo
C’est quoi être une drag queen en 2024 ?

C’est comme un artiste de cabaret. C’est pouvoir utiliser toutes les formes d’art à sa disposition, et jouer sur les codes du genre. Pouvoir être en représentation, en homme ou en femme, et rire de ça surtout. On n’a rien inventé, il y en avait déjà avant, c’est juste que ça se professionnalise, avec des spectacles qui tiennent vraiment la route. Ça représente aussi la liberté de faire ce que je veux. Même si je me rends compte au fur et à mesure que ça impose une certaine responsabilité. Il faut une force mentale, contre ceux qui ne sont pas d’accord avec ce type de personnages. Chez certains, ça doit toucher quelque chose, qui provoque de la haine. Mais ces comportements restent marginaux.

En parlant du regard des gens, comment vos proches ont réagi face à Fürsy ?

Trop bien, j’ai eu une chance folle, mes parents sont les premiers soutiens. Avec mon père, on construit les décors des spectacles ensemble. Et ma mère m’a appris la machine à coudre.

Pour terminer, est-ce qu’on va vous voir dans d’autres formats à l’avenir ?

La scène, c’est quand même mon job de rêve. Ce n’est pas un travail pour moi. Mais oui, pourquoi pas des chroniques dans des émissions. Sinon, on a deux projets en partenariats avec Les Dominicains, à Guebwiller, étalés sur 3 ans. Donc je vais pas mal squatter par ici. Mais vous n’en saurez pas plus, pour l’instant.

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