Avec l’histoire de Tilda, Caroline Wahl nous livre un roman à la fois simple, pudique et profondément bouleversant.
Tilda suit de brillantes études en mathématiques. Mais en dehors des cours, sa vie est un marathon : elle travaille comme caissière, s’occupe de sa petite sœur Ida, dix ans, et gère comme elle peut une mère instable, détruite par l’alcool. Aucun pathos ici. Caroline Wahl choisit une écriture sobre, tendue, juste. Et c’est dans cette retenue que l’émotion surgit, sincère, brute.
Chaque jour, Tilda nage. Vingt-deux longueurs, toujours les mêmes. La piscine est son refuge, son seul espace à elle. Dans l’eau, elle peut enfin respirer, laisser filer ce qu’elle retient le reste du temps. Ce rituel devient son équilibre. Jusqu’au jour où elle croise Viktor. Un garçon aussi discret qu’elle, aussi silencieux. Un lien naît, fragile, mais réel. Une possibilité. Et puis, une proposition inattendue : une bourse pour étudier à Berlin. Une chance inespérée. Mais aussi un vertige. Car partir, ce serait laisser Ida, abandonner ce rôle de pilier. Peut-elle vraiment s’autoriser à vivre pour elle-même, sans culpabilité ?
Ce qui bouleverse, c’est la finesse avec laquelle Caroline Wahl décrit ces choix impossibles. Elle parle d’amour, de fatigue, de peur, de courage – sans jamais trop en faire. Son écriture est précise, sobre, mais traversée d’une tendresse discrète.
22 longueurs est un roman sur la résistance silencieuse. Sur ces jeunes femmes fortes parce qu’elles n’ont pas le choix. Sur les liens qui sauvent, et sur le courage qu’il faut pour penser, ne serait-ce qu’un instant, à soi. C’est un texte d’une grande puissance, une histoire poignante, où l’on comprend qu’il n’est pas toujours facile de grandir, de se libérer, et de suivre son propre chemin.
