mercredi 1 octobre 2025
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Eléonore Arbeit-Goetz – L’hospitalité en héritage

Véritable institution régionale, l’hôtel-restaurant et spa Chez Julien attire touristes et locaux depuis 70 ans, toujours tenu par la même famille. Éléonore Arbeit- Goetz, petite-fille du fondateur, a rejoint l’aventure dans les années 2000 avec sa soeur. Depuis, elle orchestre la bonne marche de la maison et perpétue son histoire, guidée par sa passion de recevoir. Ici, les boiseries et la vue sur la nature offrent aux clients une bulle hors du temps, où règnent la convivialité, la gourmandise et l’Alsace.

Vous êtes aujourd’hui l’un des piliers de Chez Julien, qui fête ses 70 ans cette année. Comment cette histoire a commencé ?

Il faut remonter à 1955. Mes grands-parents, Julien et Yvette, ont racheté l’établissement à des Allemands qui avaient un bistro. Ils en ont fait un relais routier. Ça s’appelait Chez Julien parce qu’on allait tout simplement chez mon grand-père, un personnage très festif (rires). Ma grand-mère était en cuisine. Il y avait 4 chambres en haut, une salle de bain, mais il était surtout connu pour sa restauration. Le week-end, ça devenait un repère de familles. Puis dans les années 70, mon papa a perdu son père et il est venu aider sa maman le temps d’un été avant qu’elle vende. Lui, il voulait voyager et il était en apprentissage cuisinier à Strasbourg. Finalement, ils n’ont jamais vendu. Il a alors rencontré ma maman, qui tenait un petit bistrot dans les Vosges, une force de travail. À deux, ils ont repris l’établissement et petit à petit, ils l’ont tourné vers l’hôtellerie. Ils ont construit de belles chambres vers le parc.

Et dans les années 2000, vous avez continué de faire évoluer l’établissement. Comment cela s’est-il traduit ?

Avec les travaux, chambres et spas ont eu un coup de jeune. / ©HÔTEL JULIEN

Effectivement. Une première piscine a été construite avec sauna-hammam. En 2013, on a investi dans le spa et on a atteint quasiment 3 000 mètres carrés. Aujourd’hui, on est un établissement de vacanciers et un restaurant connu dans la région. Et on s’agrandit encore ! On a ouvert 12 nouvelles chambres le 31 juillet. Actuellement, on refait la cuisine avec une belle salle de restaurant vitrée, vue sur la nature. On refait aussi tout un étage pour le personnel. Ces ouvertures sont prévues pour mars. 2 étages spa arriveront ensuite. Mais on n’agrandit pas la capacité d’accueil pour autant. Actuellement, on a une vraie relation avec nos clients et on ne veut pas changer ça. C’est de l’agrandissement de confort.

Vous dites « on », car vous avez rejoint l’entreprise familiale en 2007. Pourquoi ?

Ma soeur est rentrée en 2003 et 2007 pour moi en effet. Nous avons eu la chance de pouvoir faire des études et de voyager, donc on en a profité. Puis à un moment donné, c’était l’heure de rentrer à la maison. Ma soeur a fait des études en droit, mais ça ne lui a pas plu. Et moi j’ai tenté quelque chose dans le marketing.

« On gère l’établissement tous ensemble, Chez Julien, c’est une histoire de famille. »

Ici, c’est plein d’adrénaline, ça bouge énormément, avec un contact humain extraordinaire, plein de punch. Je n’ai pas retrouvé ça dans le marketing. Donc j’ai très vite bifurqué. Ma soeur est d’abord rentrée pour aider ma mère qui s’était cassé la jambe. On est très famille, y compris en dehors du travail, et finalement, elle n’est pas repartie. Quant à moi, à l’époque, j’étais à Montréal. Maman m’a appelée en me disant : « tu ne rentres pas bientôt ? Ma réceptionniste démissionne ».

Donc je suis rentrée, et moi non plus, je ne suis jamais repartie. Il faut dire qu’on a une clientèle de rêve, on y est très attachés. Même si on fait chacune un peu de tout, ma soeur est plutôt sensible à tout ce qui est restauration et moi je me suis axée sur la partie hôtellerie spa. On est très complémentaires. Depuis 3 ans, il y a aussi mon beau-frère qui nous a rejoints. On gère l’établissement tous ensemble, Chez Julien, c’est une histoire de famille. Alors bien sûr, j’ai eu envie de faire autre chose. J’ai toujours dit que je ne ferai jamais ce métier et que je ne me marierai jamais avec un cuisinier.

Résultat : je suis à fond dans le métier et je suis mariée à un chef (rires). Il n’y a que les imbéciles qui ne changent pas d’avis, paraît-il.

La famille, cela semble en effet être l’ADN de la maison.

La famille Goetz au complet, avec Gérard et ses deux filles au milieu. / ©HÔTEL JULIEN

C’est clairement une maison de famille. Il y a une ambiance très conviviale, avec une super équipe, stable, qui a les mêmes valeurs que nous : la bienveillance, la famille, l’excellence, la gastronomie. Je connais beaucoup de clients depuis l’enfance. Il en y a avec qui je jouais quand j’avais 5 ans et aujourd’hui, ce sont leurs enfants qui jouent avec les miens !

Chez Julien semble parti pour rester dans la famille encore de très nombreuses années, non ?

C’est notre maison. Et ça nécessite déjà pas mal d’énergie. On a un travail top, une clientèle exceptionnelle, et je m’épanouis là-dedans. Je ne peux pas rêver mieux

La question en plus

Gérard Goetz, votre père, va recevoir un Bretzel d’Or. Qu’est-ce que ça vous fait ?

On est très fiers ! Notre papa a toujours oeuvré pour l’Alsace, c’est un fervent défenseur de la région. Mes parents sont allés très vite chercher une clientèle étrangère, notamment des Belges. Pour résumer, pendant la guerre, mon grand-père s’est réfugié chez une famille belge. Ils sont restés très amis. Quand il a ouvert son établissement, ils sont venus souvent, de plus en plus nombreux. Mes parents, eux, ont fait 30 ans de salons là-bas, toujours pour la promotion de l’Alsace. D’ailleurs, une des spécialités de mon papa, c’est la choucroute. On est connu pour ça. Il a trimballé sa choucroute à travers le monde, c’est un vrai ambassadeur du territoire. Avant de dire qu’on est Français, on dit même qu’on est Alsaciens (rires). C’est lui qui a fait la choucroute pour la venue du guide Michelin en 2024. Il y avait beaucoup de grands chefs !

Repères

1983 : Sa naissance.

1998 : Elle obtient son baccalauréat et se dirige vers une prépa HEC.

2006 : Son premier stage à New York, au Sofitel, remettant un pied dans l’hôtellerie.

2007 : Elle revient à Fouday et intègre Chez Julien.

2013 : Elle participe à son premier projet d’agrandissement de la maison.

2014 : Elle rencontre son mari à Las Vegas.

Ses préférences

• Un film : Cuisine américaine, de Jean-Yves Pitoun

• Un chanteur : Johnny Halliday ou Maître Gims

• Un livre : La Reine du Sud, d’Arturo Pérez-Reverte

• Un plat : Le chili con carne de sa belle-mère

• Un endroit hors d’Alsace : Le sud, du côté de Ramatuelle

L’info en plus

Chez Julien est Clef Verte depuis 2024. Il s’agit d’un label de tourisme durable pour les hébergements touristiques et les restaurants : « On va avoir une station de tri des déchets en interne », ajoute-t-elle.

Retrouvez d’autres portraits d’alsaciens qui participe au rayonnement de la région : Invités de la redaction

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