On en trouve d’imposantes, fièrement campées sur leur socle, installées au milieu des principales places de presque toutes les communes. D’autres ornent les façades d’édifices religieux, embellissent des ouvrages tels que fontaines, colonnes, ponts ou… maisons d’habitation.
Vous l’avez sans doute remarqué : les sujets humains sont généralement dotés d’un corps aux proportions idéales, d’une belle figure et d’une chevelure avantageuse. Quand ils sont nus ou à peu près – ce qui arrive assez souvent – la chose s’avère hélas difficile à regarder en face. Confronté à tant de perfection, le malheureux passant risque fort de se sentir l’âme… du vilain petit canard de Hans Christian Andersen.
Voilà pourquoi je reporte toute ma tendresse sur les oeuvres animalières ! En balade, on s’en approchera sans crainte, sourire aux lèvres, mains dans les poches.
PATTES DE PIERRE ET PLUMES DE BOIS
Les artistes s’inspirant volontiers de leur environnement, on trouvera ici et là de nombreuses représentations de la faune locale. À commencer par notre emblématique cigogne. Elle se découpe par deux fois sur le ciel, dans la dentelle en grès rose ornant la cathédrale. Les échassiers de bois du parc de Hunawihr, quoi que plus près du plancher des vaches, vous regardent de haut, eux aussi : ils sont deux fois plus grands que les vrais ! Cela dit, la plus extraordinaire représentation qu’on puisse imaginer dans la catégorie des aviens se trouve à Saint-Louis. Un aigle majestueux, surmontant un globe de belle taille, y déploie ses ailes prodigieuses, juché sur le toit de la fondation Fernet-Branca…
Depuis que Sainte Richarde se vit indiquer le meilleur endroit pour édifier son abbaye par une maman ourse, les Alsaciens affectionnent tout particulièrement ces plantigrades. Ils ont disparu de nos forêts, mais la commune d’Andlau, en souvenir de l’événement, compte plusieurs statues particulièrement remarquables : celle qui décore la place de l’École fait la joie des enfants. Évidemment, notre super bestiaire comporte bien d’autres spécimens, nettement moins fréquents sous nos latitudes. Même ceux qui rêvent de terres lointaines trouveront donc de quoi se réjouir !
LES ANIMAUX EXOTIQUES
On s’en doute : les lions sont omniprésents ! Depuis la nuit des temps, ces nobles félidés n’évoquent-ils pas partout la souveraineté, le courage, la force ? Pour en découvrir une représentation spectaculaire, on prendra sans hésiter la direction de Froeschwiller, mais le fauve de pierre tapi près de la gare de Haguenau vaudra également le détour.
Moins attendu, on citera, à Molsheim, un éléphant de 3,7 mètres de haut. (Fun fact : il s’agit d’une reproduction, version XXL, du bouchon de radiateur de certaines Bugatti !). Quant au Rhinocéros de Burbach, il fait figure de jeunot dans la troupe : installé il y a seulement vingt ans, il a été baptisé « Élissa » en 2021, au moment de sa restauration. Si je les aime beaucoup toutes ces statues… j’ai quand même toujours eu un gros faible pour les monstres, créatures mythiques et autres bêtes fantastiques.
LA FAUNE IMAGINAIRE
Sans surprise, et comme à peu près partout, les champions toute catégorie en la matière, ce sont les dragons. Deux d’entre eux constituent les pensionnaires les plus imprévus – bien que les moins vifs – du parc zoologique de Mulhouse. Ailleurs, ils sont souvent en très mauvaise posture, terrassés par l’un ou l’autre personnage biblique : l’archange Michel et saint Georges, bien sûr, mais aussi des filles. (Lesquelles ? Sainte Marthe et Sainte Marguerite !) Plus au nord, les deux sphinx du parc Albert Schweitzer, à Munster, font face à deux chouettes griffons. Pour finir, j’aimerais vous présenter mon chouchou absolu. Il est Savernois, et non, ce n’est pas une nouvelle chimère… Installé place du Général de Gaulle, semblant tout droit sorti d’un conte merveilleux, il symbolise les qualités prêtées à la commune : puissance et loyauté.
Alors, pourquoi me plaît-elle tant, cette licorne-ci ? C’est qu’elle ne s’affiche pas tout empaillettée, en robe rose, la crinière bouclée au fer à friser. Et surtout, qu’elle sait se faire discrète si d’aventure il lui prend l’envie de caracoler sur un arc-en-ciel… Super classe, non ?
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