Pour commencer, parlez-nous de votre parcours !
Jusqu’au lycée, je suis restée à Colmar, et ensuite je suis parti à Strasbourg puis à Nuremberg pendant deux ans. Je voulais être expert-comptable. À l’issue de mes études, j’ai d’abord fait de l’audit, mais ça ne me correspondait pas. Mon père était industriel et ma mère commerçante, nous avions à l’époque deux magasins de jouets au centre-ville de Colmar et à Houssen (à partir de 2000). Je me suis dit que la solution était sous mon nez depuis le début. Ma mère ne m’avait jamais proposé de prendre la suite, ce n’était même pas une question, pour tout dire, elle allait vendre. Lorsque je lui ai dit que je voulais reprendre l’affaire, elle a été contente. Aujourd’hui j’ai quatre magasins à Sélestat, Kingersheim, Colmar et à Houssen toujours. Je me suis investie dans la centrale d’achat JouéClub (300 points de vente sur le territoire français et 48 à l’étranger).
En fait, vous êtes née dans un magasin de jouets ?
Oui complètement, j’étais d’ailleurs tout le temps au magasin quand j’étais petite, mon couffin était dans le bureau de ma mère, j’ai parfois des clients qui me disent qu’ils m’ont connue toute petite, c’est rigolo.
Vous aviez conscience de vivre dans un paradis ?
Je ne suis pas sûre que j’en avais vraiment conscience par rapport aux autres enfants, parce que c’était ma vie, mais effectivement je n’ai pas manqué de jouets. J’adorais le Simon avec ses 4 grands boutons lumineux. Les copains venaient au magasin. Je me souviens aussi de la Gameboy ou de la première console Mario Bros, ma mère en avait installé une, après l’école on avait le droit de faire des parties, il y avait des files d’attente.
Vous en parlez avec beaucoup d’enthousiasme !
Merci de me le dire, vous savez, dans le jouet on dit un truc : soit tu restes six mois, soit tu y passes toute ta vie. Un jouet c’est beaucoup plus qu’un caprice, c’est l’éveil de l’enfant, c’est le rêve. Quand un enfant demande un jouet, c’est souvent pour faire avancer l’histoire qu’il s’est inventée, pour faire avancer son rêve.
Aujourd’hui, on vit un changement de société, un changement dans la manière de consommer, c’est compliqué ?
Entre le digital et la transition écologique, les commerçants se posent beaucoup de questions: comment se positionner dans ce Nouveau Monde ? La surconsommation, je pense que c’est terminé. Acheter en seconde main est devenu très à la mode.
Cela fait partie des axes de travail de notre marque, et nous allons installer un Troc’ O Joué dans nos magasins en 2024, les jouets seront repris, pour être remis dans le circuit de consommation, et ainsi participer à l’économie circulaire.
Quelles sont les tendances pour Noël ?
Le Tamagotchi revient, version moderne, mais sous la forme d’un hologramme, avec une vingtaine de modèles à collectionner, et puis le Furby, la petite peluche animée interactive revient aussi. Mais il reste les classiques Pokémon ou Barbie, et puis, depuis le Covid, les jeux de société sont revenus en très très grande force. Nos rayons se développent de plus en plus. Je trouve que c’est formidable, c’est beaucoup plus sympa d’apprendre des choses aux enfants à travers un jeu. La cible s’est élargie avec ceux que l’on appelle les kidultes, des jeunes très fans, très passionnés.
Vos racines familiales et culturelles, sont fortes. Votre investissement pour le territoire passe par Les Vitrines de Colmar et la Chambre de commerce et d’industrie (CCI) Alsace Eurométropole qui accompagne 17 360 entreprises (91% ont moins de 10 salariés). Vous êtes présidente de la délégation de Colmar depuis deux ans. En arrivant, vous avez dit : « Au cours de mes cinq années de mandat, ma mission principale sera le développement économique et la création d’emplois ». Où en êtes-vous ?
Ce qui est très ingrat dans ce genre de poste, c’est que l’on ne peut pas complètement mesurer ce que l’on fait. Lorsque nous sommes arrivés, on s’est dit que l’on ne pourrait pas tout faire, mais que, ce que nous allions faire, il fallait le faire bien, avec les pépites et les forces de notre territoire. Nous avons ciblé 3 projets. La mise en place pour début 2024 d’une formation en partenariat avec les Étoilés d’Alsace basée essentiellement sur de la pratique et un peu de théorie et qui s’adresse à des gens qui ne sont pas forcément issus du monde de la cuisine. On met aussi l’accent sur le tourisme d’affaires pas encore fortement développé et l’on rencontre les Comcom d’un territoire que nous avons agrandi et qui va en gros de Cernay jusqu’au nord de Sélestat, pour mettre en évidence toutes leurs pépites, les salles, les musées, les particularités culturelles ou historiques ; notre filiale deviendra l’unique point d’entrée pour l’organisation de séminaires d’affaires en Centre Alsace. Pour le 3e projet, on s’est rapproché du KMØ à Mulhouse, un lieu entrepreneurial et éducatif, pour étudier la possibilité de faire la même chose à Colmar.
On traitera des sujets innovants dans un endroit qui est encore à l’étude. Après la réalisation de ces 3 projets, on verra pour le 4e.
Depuis 2019, vous êtes aussi présidente des Vitrines de Colmar avec ses 250 membres, vos services sont encore à l’honneur pour cette période de Noël ?
Oui, bien sûr, la carte de fidélité pour cagnoter des euros et les dépenser dans toutes les autres boutiques membres des Vitrines et les chèques cadeaux qui sont disponibles et que nous vendrons nous même les week-ends au Monoprix. Les Vitrines de Colmar c’est aussi notre plateforme de marketplace, une technologie pour les commerçants qui ont besoin de visibilité, de proposer des produits dans notre moteur de recherche. C’est sur le site.
Lorsque vous êtes en dehors de la région, comment parlez-vous de l’Alsace et de Colmar ?
J’en parle avec beaucoup de respect et de tendresse. Je dis que l’Alsace est la plus belle région, Colmar la plus belle ville avec la meilleure gastronomie et le meilleur vin. Je ne peux pas rêver d’habiter ailleurs. Je propose très souvent à mes collègues des autres JouéClub en France de venir, notamment pour la période des fêtes, mais ils sont comme moi, très occupés.
Un mot sur le marché de Noël de Colmar !
Il est très chouette, car il a gardé son côté authentique. Je l’aime, c’est le plus beau du monde, il est très intéressant pour les commerçants, c’est magique, ça anime la ville.
C’est un moment où l’on se recentre, où l’on se retrouve.