Graine d’Histoire est une collection de romans historiques imaginés par des auteurs professionnels. Toute une équipe d’experts intervient ainsi dans le processus d’écriture.
Parmi eux, l’historien Daniel Fischer, l’illustrateur Benjamin Strickler, ou encore l’autrice et directrice littéraire Sylvie de Mathuisieulx. « L’idée, c’est de passionner le lecteur avec une histoire qui met en scène des jeunes de son âge qui évoluent dans un contexte historique particulièrement bien travaillé », analyse-t-elle.
Des histoires passionnantes intégrées de façon fine et pointue dans un contexte élaborée grâce à Daniel Fischer. Et le dernier volume de cette collection, le 14e, c’est donc Au village où l’on soigne. Il explore l’hôpital de Lambaréné d’Albert Schweitzer. Ce bouquin apparaît comme une façon très ludique et indirecte de prendre connaissance de la personne qu’a été le célèbre alsacien et de son œuvre humanitaire. Il inculque au lecteur, sans que ce dernier s’en aperçoive, cette histoire encore trop méconnue, notamment des plus jeunes. « C’est tout l’objectif. Les gens s’attachent aux personnages et découvrent l’histoire du lieu en suivant leurs aventures. Ce sont des bénéfices collatéraux », confirme l’autrice.
À noter que les récits de Graine d’Histoire ne sont pas « de vraies histoires, mais elles auraient pu l’être. On ne veut pas qu’il y ait des risques de confusion entre l’Histoire et le roman ». En général, les périples se déroulent en Alsace. Mais cette fois, c’est délocalisé en Afrique. Pourquoi ? « Parce que Albert Schweitzer », répond-elle.
« Albert Schweitzer est là, il imprègne le roman, mais il ne dit que trois banalités quand on le voit »
Il faut dire que l’hôpital de Lambaréné est souvent vu comme son œuvre majeure. Là-bas, il a soigné des dizaines de milliers de personnes, sans distinction. C’est notamment pour cela qu’il a obtenu son prix Nobel de la paix en 1952. Revenir sur cela en pleine année anniversaire semble logique.
Mettre en avant une figure du bien
Néanmoins, fidèle à une volonté d’apprendre finement l’histoire via une aventure fictive, dans ce livre, « Albert Schweitzer est là, il imprègne le roman, mais il ne dit que trois banalités quand on le voit », explique Sylvie de Mathuisieulx.
Le docteur est en effet présent sans réellement l’être. Au village où l’on soigne raconte surtout l’histoire d’un jeune homme emmenant sa sœur se faire soigner à l’hôpital.
Avec cette écriture, l’objectif pédagogique est pleinement atteint : faire apprendre en souriant. « Un livre doit être plaisant, mais si on peut avec ça connecter les neurones, c’est vachement mieux. Faire sourire et réfléchir, c’est la meilleure combinaison pour éveiller l’intelligence humaine », considère-t-elle.
D’ailleurs, elle-même a appris beaucoup durant ses recherches pour la rédaction, dont le fait qu’Albert Schweitzer a été, lui aussi, remis en question : « Pour moi, c’était quelqu’un d’exceptionnel, il était tourné vers les autres. Et je me suis rendu compte qu’il n’avait pas fait l’unanimité, qu’il avait aussi sa part d’ombre. Personne n’est tout à fait un saint ni tout à fait un salaud. Mais je reste persuadée que c’était quelqu’un de formidable ».
Une remise en question que l’on retrouve dans le livre. Malgré tout, l’objectif de Sylvie de Mathuisieulx reste de faire connaître cet homme : « Il faut absolument que cette figure tournée vers le bien soit connue. Quelqu’un qui a envie d’aider, de mettre sa vie au service des autres, c’est quelque chose qui manque aujourd’hui comme figure d’identification pour les jeunes ». Elle espère notamment qu’ils retiendront de lui son principe du respect de la vie.
Mais au fond, ce livre s’adresse à tous, aux personnes de 9 ans comme à celles 99 ans. Alors pour les curieux, il est disponible au prix de 10 euros, sur Internet mais aussi dans certaines librairies.
L’info en plus
Pour les gourmands, le livre propose à la page 115 une recette de kougelhopf de Lambaréné, une version adaptée de la recette traditionnelle, avec notamment de la coco.
