Yannick Gottwalles, quel est le but de ce livre ?
Il est fait par des soignants, mais ce n’est pas un livre de soin. Il est destiné au grand public et a deux buts. Un premier : ne pas oublier ce qu’il s’est passé et les énormes difficultés rencontrées pendant cette période. Un deuxième : rendre hommage aux soignants de première ligne. Ils ont dû se battre contre une maladie inconnue avec des informations contradictoires. Les premières semaines, c’était flagrant. On a basé l’ouvrage sur une frise chronologique. Jour après jour, je notais les différentes informations qui parvenaient, la réalité de terrain, les informations de l’OMS, la situation dans les autres pays et les informations de nos autorités de tutelle.
Vous êtes décrit comme un lanceur d’alerte, qu’en pensez-vous ?
Dans la nuit du 14 au 15 mars, un collègue a envoyé un mail où il était optimiste. Je lui ai répondu en l’étant un peu moins. J’ai terminé mon mail par « Préparez-vous, la vague arrive. Profitez de ces quelques heures pour vous préparer, vous n’y échapperez
pas ». Ce mail a fait énormément de bruit. Dans la semaine qui a suivi, j’ai eu des centaines de messages. Les soignants devaient se préparer à quelque chose qu’ils n’avaient jamais vu et qu’ils ne pouvaient pas imaginer. Ça a été pris comme un message d’alerte mais ce n’était pas le but.
Qu’en est-il aujourd’hui ?
Je continue à tenir un carnet de bord. Je n’ai pas arrêté depuis le début. Je dois être à 1300 pages à peu près. Je l’alimente encore avec des informations quotidiennes. Aujourd’hui, on en est au même endroit. On est dans une cinquième vague. Il est effarant de voir comment l’hôpital est mal en point. Si des décisions radicales ne sont pas prises dans les mois ou les semaines qui viennent, on va assister à des fermetures de services de plus en plus fréquentes.