« Il reste peu de vestiges de la forteresse du XIIIe siècle », assure Martin Cognacq, l’actuel propriétaire du château. Laissé à l’abandon pendant plus de deux siècles, le Reichenberg est petit à petit reconstruit par plusieurs propriétaires.
La famille de Martin Cognacq y habite depuis 1920, date à laquelle son arrière-grand-père, l’ambassadeur Edmond Bapst, l’achète et entreprend quelques améliorations. Il y installe l’eau courante et le chauffage central au charbon, encore peu utilisé à l’époque, et pour cause : « Pour chauffer le château, il fallait brûler une tonne de charbon par jour en hiver ! », précise le propriétaire. Nicole, la fille d’Edmond Bapst et grand-mère de Martin Cognacq, hérite du château et épouse Philippe Cognacq, un pilote de l’armée de l’air.
Quand la Seconde Guerre mondiale éclate, elle est contrainte de quitter les lieux en vitesse avec ses enfants : « Mon grand-père est revenu après son départ ; elle était partie si vite qu’il y avait encore les assiettes des enfants posées sur la table », raconte Martin Cognacq.
Les vignes devaient servir à entretenir le château
À la fin de la guerre, le château n’est plus que la résidence d’été de Nicole Cognacq. Pour reconstruire sa toiture, après les dégâts des bombardements, elle achète des vignes et revend du raisin. À sa mort, ses quatre filles renoncent à l’héritage, laissant leur frère, Patrick Cognacq, le père de Martin, seul propriétaire du domaine : « Mes parents ont décidé de s’y installer à l’année. Ils y ont injecté toutes leurs économies pour le rénover », raconte encore le propriétaire. La belle histoire ne s’arrête pas là, puisqu’en 2013, à 50 ans, Martin Cognacq a décidé de devenir vigneron, il a même acheté des terrains supplémentaires. Aujourd’hui, le châtelain et son épouse Evelyne possèdent 9 hectares, pour la plupart au pied du Reichenberg, mais ils ne peuvent pas vinifier par manque de place et ne disposent pas de l’appellation Domaine ou Château. L’étiquette, qu’il a dessiné lui-même, Le château du Reichenberg et ses vignes, est un clin d’œil à la grande maison familiale. Et Martin Cognacq de conclure : « C’était le rêve de mon père, il a pu goûter les premières bouteilles avant de partir ».
L’info en plus
En 2019, Martin Cognacq a ouvert son caveau « Les Demoiselles de Reichenberg » au centre de Bergheim. Il propose son vin et quelques produits d’épicerie fine.