Bonjour Michel, ce qui me frappe toujours avec vous, c’est votre joie, après tant d’années, vous prenez toujours autant de plaisir à être sur scène ?
Michel Jonasz : En fait, je me suis programmé pour ça. Quand j’ai commencé à faire de la musique avec les copains, j’ai éprouvé un plaisir physique. Je me suis dit qu’il ne fallait pas que je perde ce truc-là. Et en fait, j’ai réussi. À chaque fois que je monte sur scène, je me réjouis d’avance. Que ce soit le spectacle Piano-Voix avec Jean-Yves D’Angelo ou l’autre avec tous les musiciens.
C’est une nécessité ?
Michel Jonasz : C’est une nécessité de faire les choses avec plaisir, avec joie. Je ne peux pas faire autrement.
Cette joie, ce plaisir, il est décuplé dans votre spectacle, Piano-Voix avec Jean-Yves D’Angelo ?
Michel Jonasz : C’est plus subtil, parce qu’on n’est que deux ; tout ce que fait l’un peut influencer l’autre. Comme il y a beaucoup d’espace sonore, chaque note qu’il joue peut influencer ma façon de chanter. Ce n’est pas plus fort, mais plus intense dans le besoin d’être à l’écoute de l’autre.
On retrouvera quelles chansons de votre répertoire ?
Michel Jonasz : Parfois, on change, mais il y a une base. On commence avec du blues, on fait Les fourmis rouges ensuite, on fait La famille qui est une chanson pas très connue, ou Tombent les feuilles. Bien sûr, il y a des chansons qui m’ont porté bonheur comme Super nana qui a 50 ans cette année et que le public chante avec nous, mais on essaye aussi de faire La boîte de jazz, ou Le joueur de blues. Dans ces versions piano-voix, on retourne à la source.
Vous chanterez le 25 mai en Alsace, c’est une région que vous connaissez bien, vous avez de beaux souvenirs ici ?
Michel Jonasz : Oui, j’aime beaucoup cette région. Ce n’est pas tout-à-fait l’Alsace, mais quand j’étais môme, on allait dans les Vosges, ce sont des souvenirs qui m’ont marqué et qui m’ont donné des idées de chansons. Par exemple, j’avais un oncle que j’appelais Tonton Joseph, il avait une usine de vernissage de meubles, et dans la cour de son usine, il y avait des wagonnets. C’est ce qui m’a donné l’idée de la chanson Les wagonnets. J’ai des amis à Strasbourg, j’essaye de rester un peu plus longtemps pour me balader lorsque je viens. Et puis, j’avais un petit « béguin » à Strasbourg, une histoire avec quelqu’un, à chaque fois que j’y allais, il y avait quelque chose qui devenait assez intense, donc je n’ai pas oublié les moments passés en Alsace, et les concerts.
À part la chanson, l’amour, les sentiments, qu’est-ce qui vous rend heureux dans la vie ?
Michel Jonasz : C’est une question importante. C’est marrant parce que ça a toujours été une obsession chez moi. Mais, pas forcément ce qui me rend heureux moi, mais tout ce qui peut rendre les gens heureux. Je peux avoir un début de réponse. Je ne parle pas de ceux qui vivent dans des conditions extrêmes, dans le malheur, en fait, ce n’est pas facile de vivre l’instant, le moment présent, mais c’est la clé, être dans ce que l’on vit. C’est ça qui rend triste, quand on se dit je ne suis pas dans le bonheur, je ne suis pas dans la joie alors que je suis fait pour ça. Moi, ce n’est pas le travail qui me fatigue, je ne suis pas près de prendre ma retraite, j’aime chanter, j’aime écrire des chansons, j’aime jouer la comédie au théâtre, au cinéma, j’aime ça. Ce qui peut me fatiguer et me détourner de la joie, ce sont les conflits, les contrariétés, à ce moment-là mon esprit peut être dans le passé ou dans le futur, ou dans la gamberge. C’est un travail que chacun doit faire, la joie, c’est presque comme une décision à prendre.