La pâquerette porte le nom de Pâques, mais aussi les couleurs jaune et blanc de cette fête. C’est pourquoi on l’appelle également Oschterblüem, la fleur de Pâques. Le mot alsacien le plus courant pour la désigner est Gansebliemel, petite fleur des oies. Il rappelle combien les oies apprécient ces fleurs. Il faut voir avec quel coup de bec tonique elles les saisissent. En Suisse alémanique on l’appelle avec justesse Margritlie, « petite Marguerite », dont elle semble être une version miniature. Son nom latin, Bellis perennis signifie « beauté éternelle » et il est vrai que ces fleurs, qui sont le symbole de la Vierge Marie, sont pleines de grâce. Dans le langage des fleurs, la pâquerette représente la jeunesse et l’hédonisme. Ces fleurs ferment leurs pétales la nuit et les rouvrent le matin. Parfois même elles se ferment lorsque le soleil disparaît ou lorsqu’arrive une averse. En ce sens, elles sont les messagères du temps qu’il va faire.
Les pâquerettes se dégustent aussi. Pétales, feuilles et boutons se consomment. Autrefois, les Italiens et les Espagnols consommaient même leurs racines bouillies. Pour la réalisation de notre livre La cuisine naturelle des plantes d’Alsace, Hubert Maetz s’est penché sur la pâquerette côté saveurs. Ses fleurs, comme ses feuilles, crues ou cuites, sont appréciées en salade, ou en purée. Ses jeunes feuilles peuvent être utilisées dans les salades et en mélange avec d’autres légumes. Elles accompagnent aussi le poisson et se révèlent délicieuses, confites au sucre et pour parfumer les bowle (des vins aromatisés).

Quelques idées : les pâquerettes se marient avec l’amertume du pissenlit. On peut en ajouter quelques-unes à la salade de pissenlit et accompagner cette salade avec du fromage de chèvre ou du jambon de pays. On peut aussi faire une purée aux pâquerettes, un cake aux pâquerettes, ou un bowl aux pâquerettes et aux fraises, un cocktail associant pâquerettes, fraises et crémant, emporte généralement l’unanimité. La pâquerette a des vertus : ses fleurs et ses feuilles écrasées appliquées en cataplasme calment la douleur d’une contusion, d’une entorse ou d’une plaie. Par ses propriétés anti-inflammatoires et antidouleurs, on la compare souvent à sa cousine de montagnes, l’arnica. Ses fleurs seraient aussi dépuratives et légèrement laxatives.
Pâquerette est également un prénom. D’origine grecque, il signifie « perle ». La popularité de ce prénom était la plus forte en 1933 où l’on répertoria 52 naissances de Pâquerette. En 1998, on en répertoria encore trois. L’auteur français Antoon Krings, a écrit et illustré un délicieux livre pour les petits enfants, intitulé Lorette la Pâquerette. Il reprend la légende selon laquelle les petites filles, qui naissent d’habitude dans les roses, voient parfois le jour dans d’autres fleurs. C’est ainsi que Lorette naît un jour chez une pâquerette. Comme personne ne vient la chercher, la pâquerette élève la petite fille et lui apprend l’élégance des fleurs et leur langage. Voilà un apprentissage qu’il faudrait appliquer à tous les enfants. Un surplus d’élégance de cœur et de langage ne nuirait pas à notre époque
« ensauvagée ».
Pâquerettes cristallisées
La recette de Hubert Maetz extraite de La cuisine naturelle des plantes d’Alsace (La Nuée Bleue)
Ingrédients :
25 g de pâquerettes
1 blanc d’œuf
100 g de sucre
C’est une idée savoureuse et esthétique de réaliser ces pâquerettes enrobées de sucre et séchées, qui décoreront les desserts. Elles se conservent pendant un an dans une boîte en fer-blanc fermée.
1| Battez le blanc d’œuf à la fourchette pour le rendre légèrement mousseux en le laissant un peu coulant.
2| Trempez les pâquerettes une à une en les tenant par la tige, d’abord dans le blanc, puis dans le sucre, posez-les sur du papier sulfurisé et coupez l’excédent de tige avec une paire de ciseaux.
3| Faites-les sécher au four à 60° pendant ½ journée, vérifiez, et, à défaut, laissez-les encore sécher à la même température.

L’info en plus
Nom français : Pâquerette
Nom alsacien : Gansebliemel, Zittereesel, Oschterblüem
Nom allemand : Gänseblümlein, Massliebchen, mehrjähriges Gänseblümchen, Tausendschön ou Margritlie (petite Marguerite) en Suisse Mois d’utilisation : Presque toute l‘année
Floraison : De février à novembre voire décembre
Taille : 3 à 15 cm
Habitat : Prairies, pelouses, gazons, bords de chemins
Nom latin : Bellis perennis
Famille : Asteracées