mercredi 12 mars 2025
AccueilLES ACTUSAutour de MunsterWasserbourg - Dominique Guibbert demande pardon au docteur

Wasserbourg – Dominique Guibbert demande pardon au docteur

Les planches, c’est toute sa vie. Une vie de théâtre, marquée également par l’écriture et sa participation à Mon Schweitzer, ouvrage collectif hommage à Albert Schweitzer, publié aux éditions Reber. L’occasion de s’excuser auprès du prix Nobel, qu’elle a sciemment ignoré.

Vous êtes metteuse en scène, comédienne, auteure. Quelle activité vous définit le mieux ?

Peut-être la mise en scène. J’adore les acteurs et étant comédienne, j’ai beaucoup étudié tous les mécanismes du jeu. Ma carrière a débuté grâce à Pierre Barrat, qui m’a fait entrer dans le métier, bien que du théâtre, j’en faisais enfant à l’école du dimanche. C’est l’ancien directeur de l’atelier lyrique du Rhin (actuelle Comédie de Colmar) qui m’a repéré comme responsable d’atelier de théâtre pour jeunes. Il a voulu me faire venir en tant que formatrice et m’a aussi permis de jouer. Concernant le texte de théâtre, je suis tombé dedans à 16 ans, quand mon professeur de français m’a fait jouer Antigone. Ce rôle a été déterminant psychiquement et théâtralement pour toute mon existence. Cependant, je ne suis pas devenue professionnelle tout de suite. J’ai d’abord été institutrice, tout en poursuivant cette passion. Le théâtre, c’est mon bonheur absolu. Je n’arrêterai jamais.

Vous vous êtes aussi tournée vers l’écriture ?

Tout à fait. J’ai fondé ma compagnie théâtrale, Pandora, en 1991. J’ai créé des spectacles à partir de collectages de paroles : celles de gitans, de malades, d’ouvriers. J’ai écrit beaucoup de spectacles à partir de ça. Ma grande chance, c’est d’avoir été publiée par un de mes fans, Jean-Daniel Reber, accompagné par son épouse. Ils m’ont vu jouer à Avignon et il m’a dit qu’il aimerait beaucoup publier les textes de mes spectacles. Ce qui fait que j’ai eu la chance de tenir entre mes mains, Les Traversés, représentant 15 ans d’écriture de spectacles et de collectages de paroles. Il y a aussi eu À voix haute et libre. Voilà pourquoi j’ai suggéré à Francis Guthleben et Guy Michel de se tourner vers ce « petit » éditeur, pour Mon Schweitzer publié à l’occasion des 150 ans de la naissance du prix Nobel alsacien.

Et dans cet ouvrage justement vous avez demandé « pardon » au docteur, pourquoi ?

J’y ai participé parce que déjà, j’adore ce que Francis Guthleben écrit. J’ai également voulu être solidaire et j’adore les défis. Ensuite, je n’y connaissais rien, mais c’était le moment de me renseigner. Alors je suis partie en quête et je suis allé voir la maison d’Albert Schweitzer à Gunsbach et j’ai acheté des bouquins. Là, tous mes préjugés sont tombés à l’eau ! Je dois dire que j’avais un problème, un préjugé merdique, qui venait de mon travail dans des missions humanitaires en Afrique. J’y ai été extrêmement choquée par l’attitude des blancs, qui était vraiment scandaleuse. C’est ce que j’explique dans une déclaration de pardon que j’ai faite au docteur Schweitzer : j’ai eu très peu envie de m’intéresser son œuvre à cause de ces mauvaises expériences. Puis j’ai découvert sa pensée, sa philosophie sur le respect du vivant et je me suis dit : quelle idiote j’ai été.

Que représente-t-il pour vous aujourd’hui ?

Le médecin, c’est ça qu’il représente d’abord, j’ai un grand respect pour les gens qui soignent. Ensuite, j’ai découvert que c’était un grand musicien, il a financé son œuvre en Afrique grâce à ça. Et il a une clairvoyance, un amour incroyable du vivant et des gens. Aujourd’hui, j’ai envie de dire que toute l’énergie qu’il a dépensée pour financer ses œuvres doit donner encore plus de courage à ceux qui pensent qu’on n’est pas foutu. On doit retenir qu’on a besoin de gens comme lui. Ils existent, mais on n’en parle pas. Que tout le monde reconnaisse les Schweitzer qu’il y a autour de nous. Je veux garder espoir, et je trouve que c’est ce que Schweitzer incarne : l’espoir.

L’info en plus

Le livre À voix haute et libre, composé de paroles de femmes ayant subies des violences, a été créé avec l’association syndicale des familles monoparentales et recomposées, dans l’objectif de sensibiliser.

ARTICLES SIMILAIRES
- Publicité -

LES PLUS POPULAIRES