samedi 20 septembre 2025
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André Graff, le Schweitzer de l’eau

Il cumule les similitudes avec le prix Nobel alsacien. Comme lui, il a été homme de sciences et a aidé des populations défavorisées à l’étranger. Comme lui, il s’est mué en écrivain, avec son livre L’espiègle vagabond, sorti en 2024 aux éditions Le Lys Bleu. Il a également participé à l’ouvrage collectif Mon Schweitzer, à l’occasion des 150 ans de la naissance du docteur.

Vous avez un parcours éclectique. Pourtant, tout a commencé par des études « classiques » de biologie ?

Revenir sur mon parcours, c’est un peu compliqué parce qu’il y a eu plusieurs parties. La première, c’étaient effectivement des études de biologie. Elles m’ont d’ailleurs valu d’habiter la chambre qu’occupait Albert Schweitzer au séminaire protestant à Strasbourg, puisque je suis protestant d’origine. Ensuite, je me suis orienté vers l’agriculture, où j’ai beaucoup appris. Néanmoins, j’ai erré, parce que ce n’était pas vraiment ma voie. Puis est venu le temps des montgolfières, où j’ai baladé des dizaines de milliers de personnes, au-dessus de l’Alsace notamment. C’était un idéalisme. Je pensais très honnêtement que toute personne qui montait dans un ballon redescendait transformée, pacifiste, humaniste, ouverte aux horizons (rires).

Comment passe-t-on de la biologie à la montgolfière, puis de la montgolfière à l’humanitaire en Indonésie ?

André Graff a aussi créé une société de vols en montgolfière en Alsace. / ©DR

Par le hasard. Un jour, j’ai été embarqué dans un vol en montgolfière et j’ai été ébloui. J’ai senti comme un appel, qu’il fallait que je le fasse. Mais ça a été une vraie galère pour devenir pilote, puis pilote instructeur, puis pour créer ma boîte, puis pour la maintenir à flot (rires). C’était un parcours du combattant, dans lequel j’ai partagé du bonheur avec près de 30 000 passagers. La société, Aérovision, existe d’ailleurs toujours. Arrive ensuite 2004, année où j’ai fait mon premier voyage en Indonésie. J’y suis retourné en 2007, probablement pour toujours. Je n’ai pas l’intention de revenir en France. J’y ferais quoi ? L’Indonésie, c’est une autre façon de vivre, de concevoir l’existence. J’aime aussi le fait d’apporter de l’eau à des populations défavorisées. Quant à mon dernier projet en date, c’est la mise en ligne de vidéos pour valoriser mes 20 ans d’expérience de puisatier. En revanche, je n’aime pas le mot humanitaire, il est dévoyé, c’est devenu un fourre-tout. Ce que je fais, c’est de l’amitié avec des communautés.

Science, protestantisme, musique et « humanitaire », voilà beaucoup de points communs avec un certain Albert Schweitzer. Quel est votre rapport au docteur ?

André Graff a créé de nombreux puits dans des villages d’Indonésie. / ©DR

C’est un homme du siècle précédent qui a probablement beaucoup inspiré ma personne, sans le porter aux nues pour autant. Je ne suis jamais tombé dans la « Schweitzer mania ». Je fais partie de ces gens qui n’ont pas de croyances. Ce que je fais, je ne le fais pas au nom de quelque chose. Je le fais, point. Je trouve donc qu’il faut surtout retenir de lui le respect de la vie. Généralement, on se focalise trop sur le bonhomme, qui était certainement remarquable, et pas suffisamment sur ses conclusions.

Comment avez-vous connu cette figure historique ?

À travers de petites photos disposées un peu partout : sur les murs, les buffets, les tables, dans les caves, dans ma famille et dans celles de bien des gens de la vallée de Munster. Il ne faut pas oublier que dans les années 1960 – 1970, Albert Schweitzer, c’était un peu l’idole. À raison. C’était l’époque où les gens croyaient.

Cette proximité avec Albert Schweitzer vous a amené à participer à Mon Schweitzer. Pourquoi avoir accepté ?

Francis Guthleben m’a contacté et je lui ai fait un petit mémo de 5 minutes. Je m’adressais à Albert Schweitzer en disant : « Merci pour ce que tu as fait, pour avoir ouvert les lucarnes des gens ». Et puis c’est vrai que beaucoup de personnes m’appellent le Schweitzer de l’eau. J’ai eu un parcours un peu analogue au sien. Bon, m’appeler le Schweitzer de l’eau, c’est à la fois vrai et pas vrai. C’est une référence à un siècle passé, et il faut laisser le passé au passé. C’est pour ça que là, je me penche sur YouTube et les réseaux sociaux. Même si je pense que Schweitzer s’en serait lui aussi probablement servi pour transmettre sa connaissance et ses points de vue. Mais me concernant, je fais ce que je peux, tout simplement.

Le chiffre

42

C’est le nombre de puits qu’André Graff a construit au cours de sa vie, aidant ainsi près de 40 000 personnes : https://deleaupoursumba.org/

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