Depuis quand exercez-vous le métier de scénariste ? Et comment devient-on scénariste ?
Je suis officiellement scénariste depuis juin dernier, depuis l’obtention de mon diplôme. J’ai réalisé tout mon parcours dans le cinéma, dans le but de réaliser un long métrage. Mais je voulais d’abord savoir écrire. J’ai suivi des cours à l’école d’art MJM Graphic Design à Strasbourg. Pendant deux ans j’ai appris les techniques de montage et d’effets spéciaux. Mais il n’existe pas d’école spécialisée pour les scénaristes en Alsace, alors je me suis inscrite à l’École supérieure d’études cinématographiques (Esec), une école privée à Paris. C’est là que j’ai découvert toutes les nuances du métier et tous les formats possibles : longs et courts métrages, séries… Mais certaines techniques restent les mêmes, quel que soit le format.
Quelles techniques avez-vous apprises ?
On nous a appris que ce qui compte le plus, plus que l’histoire, ce sont les personnages. Il faut bien les travailler et les mettre le plus possible dans la « merde » pour raconter ensuite comment ils s’en sortent.
Est-ce que vous arrivez à vivre de votre métier aujourd’hui ?
Non, je suis responsable dans un restaurant en attendant une place dans une boîte de distribution ou de production. Dans ma promotion à l’Esec, nous étions dix. Aujourd’hui, on a tous un travail à côté et on continue à écrire, à essayer de vendre nos projets ou de les réaliser nous-mêmes. Une fois que je serai une scénariste accomplie, je pourrai me trouver des agents, mais pour l’instant je n’ai pas encore ce statut.
C’est difficile de percer dans ce métier ?
Oui, c’est de la douleur. Il faut supporter l’attente et les portes fermées pendant des mois et des mois. Il faut être un peu masochiste ! Et quand on y arrive, c’est un plaisir de courte durée, car on vous demande immédiatement : quel sera le scénario suivant ? Mais c’est un bonheur incomparable. Pendant un an, j’ai travaillé sur mon court-métrage Cosmos. J’y ai mis beaucoup d’application et de ma vie privée et à chaque fois on me demandait de me remettre à l’ouvrage encore et encore. Et puis un soir, il a été diffusé dans une salle à Paris et j’ai ressenti une fierté intense ! C’est une histoire un peu sombre, mais les spectateurs avaient l’air émerveillé. Écrire des scénarios c’est parier sur des émotions, mais c’est difficile de prévoir les réactions des spectateurs. Quand ça fonctionne, c’est génial !