XIXème siècle : à cette époque, la statue faisait son apparition sur les places, dans les jardins, en l’honneur de tout ce qui faisait la renommée populaire de la France, de ses illustres batailles aux personnalités qui en faisaient la fierté.
Également objet de décoration des façades, elle prenait une place nouvelle dans la société, appuyée sur nombre de techniques, du modelage à la main des matières malléables, comme la cire ou l’argile, à la taille de blocs de bois ou de pierre, en passant par la coulée de bronze dans l’espace situé entre le noyau et le moule.
Qu’ils se soient nommés François Rude auquel l’on doit Le Départ des Volontaires, pour l’Arc de triomphe de Paris, Jean-Baptiste Carpeaux et La Danse pour l’Opéra de Charles Garnier, ou Auguste Rodin et La Pensée, nul ne semble avoir poussé aussi loin que Bartholdi la réflexion sur la transversalité et la complémentarité des usages.
Mythe romantique versus pratique collective
Loin du mythe romantique de l’artiste créant seul dans son atelier, pour Bartholdi, la pratique de la sculpture devait être collective, en particulier lorsqu’elle était monumentale. « Si le sculpteur peut réaliser seul une esquisse sur le papier, dans la terre ou dans le plâtre, il lui faudra cependant séduire et satisfaire les commanditaires, quitte parfois à modifier son projet », analyse-t-on du côté du 30 rue des Marchands.
De ce fait, l’expérience de Bartholdi rappelle que le sculpteur « aura besoin d’autres techniciens pour transposer le modèle dans un autre matériau et en multiplier les dimensions ou les éditions ».
La liberté éclairant le monde et le Monument aux défenseurs de Belfort durant le siège de 1870 restent, de ce point de vue, de parfaites illustrations de la diversité des médiums susceptibles de concourir à la réalisation d’une œuvre. Et l’occasion de voir, au-delà des certitudes, quels ingrédients ont réellement fait la singularité et la renommée de l’artiste colmarien.
L’info en plus
« La fabrique des statues », Une exposition à découvrir jusqu’au 31 décembre, au Musée Bartholdi.
Christophe Nonnenmacher