jeudi 21 novembre 2024
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Estelle Zimmermann – De culture colmarienne

De médiatrice culturelle à Directrice de la Culture, Estelle Zimmermann a arpenté tous les étages de la vie artistique locale. De sa formation académique au spectacle vivant ou aux arts audiovisuels et cinématographiques, aucun métier ou presque n’a échappé à son regard passionné et aiguisé. Rencontre avec une Colmarienne d’origine pour qui Culture et vie sont synonymes.

Estelle Zimmermann, vous vous retrouvez aujourd’hui à la direction de la Culture de la ville de Colmar. Presque un retour aux sources pour vous qui, dès votre adolescence colmarienne, avez fait de l’art le cœur de votre projet de vie ?

(Elle sourit) Présenté ainsi, c’est assez vrai. Déjà, lorsque j’étais au lycée Camille Sée, j’avais choisi de me diriger en section histoire des arts.
Après j’ai bien tenté de me diriger vers une autre filière, à l’Université, lorsque je m’imaginais devenir juge pour enfants, mais je ne m’y suis pas retrouvée et j’ai bifurqué vers un BTS assistant de gestion qui m’a rapidement mené au Théâtre national de Strasbourg qui était alors dirigé par Stéphane Braunschweig.
J’en ai d’ailleurs conservé de très jolis souvenirs, dont la porte dérobée du service compta, qui menait directement à cette magnifique salle Koltès sur les planches de laquelle sont passés tant d’artistes extraordinaires.

Un peu comme une porte dérobée vers un autre monde ?

Oui, si vous voulez. Côté cour, côté jardin, entre l’ombre de l’administration et les lumières de la scène, ce qui correspondait bien à mes fonctions qui, de la billetterie au développement de nouveaux publics, avaient en commun de rassembler autour du partage artistique.

Que vous avez ensuite enrichi, un peu plus au sud de l’Alsace !

Oui, jusqu’en Master Direction de Projets ou Établissements Culturels, à l’Université de Bourgogne.
De là se sont enchaînées plusieurs expériences dans des salles de concerts, dont la Vapeur de Dijon, des cinémas itinérants, en passant par la médiation culturelle et le développement d’actions auprès de publics empêchés, au sein de maisons d’arrêts ou d’hôpitaux psychiatriques.

C’est un parcours, en résumé, fait de passion, de rencontres, d’adéquation avec ce que je ressentais, jusqu’à cette salle de concert, le Moulin de Pontcey, qui avait cette énergie suffisamment incroyable pour développer du chant métal, en pleine ruralité ! Et puis, avec mon époux, nous avons eu cette opportunité de revenir en Alsace autour d’un projet familial. De là, je cherche du travail et je décroche un poste d’assistante administrative au département cinéma et audiovisuel de Strasbourg.

« Défendre ce à quoi l’on croit est pour moi quelque chose d’essentiel »

Nous sommes alors en 2008 ?

Oui. Très rapidement, je fais le tour du poste, mais j’y découvre surtout la richesse du travail en collectivité. Une opportunité se dégage et je rejoins le Bureau d’accueil des tournages de l’Eurométropole où je reste 11 ans.

Avec cette même passion des débuts, j’y apprends à peu près tout ce qu’il y a à savoir du métier, de la parfaite connaissance du territoire, de la richesse de ses techniciens et prestataires à la délivrance d’autorisations de tournage.

Et puis vient la réussite au concours d’attachée territoriale, je rejoins la Collectivité européenne d’Alsace : une période intéressante qui s’inscrit dans une année post-fusion du Bas-Rhin et Haut-Rhin, où toute une réflexion est menée autour de la culture dans un territoire à la fois réunifié et élargi.

Et puis Colmar, votre ville d’origine.

C’est ça. J’y exerce alors comme responsable des publics et des festivals, notamment sur ceux de Jazz et du Film qui se tiennent en ce moment même pour le premier et au printemps pour le second.
Se libère alors le poste de directrice de la Culture. Je postule et m’y voilà aujourd’hui.

Colmar est une ville enviable sur l’ensemble des scènes culturelles et artistiques. Quelles sont les grandes lignes de son projet culturel ?

Déjà un projet municipal qui correspond en tout point à mes convictions. C’est un point qui peut paraître évident, mais qui m’a animé tout au long de mes choix de carrière et auquel j’attache beaucoup d’importance. Défendre ce à quoi l’on croit est pour moi quelque chose d’essentiel. Un parcours professionnel n’est rien sans cela. Mais pour faire court, je répondrais à votre question par deux mots ou expressions : la première, une meilleure connaissance des publics et des non publics ; la seconde, développer une plus grande transversalité de nos actions.

« La Culture est par essence transversale en ce sens qu’elle est par exemple indissociable de l’Éducation, de la jeunesse, du patrimoine. »

C’est une aventure collective qu’il nous faut sans cesse accompagner, au travers du partage, de l’enseignement artistique, de notre attractivité auprès de compagnies en résidence, de l’optimisation de nos soutiens, de l’accompagnement des associations dans la mise en place de nouveaux projets.

Renforcer l’interconnexion entre différents univers comme ceux qui gravitent autour de l’ancienne manufacture des tabacs est aussi d’une grande importance, tout comme chercher à mutualiser matériel et ressources humaines quand cela est possible, afin de gagner en efficacité, en curiosité et en visibilité, comme entre la Salle Europe et le Théâtre municipal.

Fait rare, Colmar dispose aussi d’un Centre dramatique national…

En effet, ce qui est une incroyable rareté pour une ville de notre taille et qui en dit long sur la place qu’occupe Colmar dans le domaine des arts.

Ajoutez à cela un accès à l’enseignement des arts que beaucoup de villes nous envient, les actions pluridisciplinaires menées par des associations comme Lezard, l’aura de salles mythiques comme le Grillen en passant par une offre événementielle et festivalière de très haut niveau et vous n’aurez encore qu’un petit aperçu seulement du rayonnement de notre ville.

Et c’est, je crois, ce qu’il nous faut préserver, développer et continuer à faire connaître auprès de nos publics actuels et nouveaux, avec le concours de tous les services de la Ville.

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