Pour trouver son origine, il faut remonter le temps, jusqu’en 1953, lorsque la ville de Colmar a cherché à mettre en avant ses bâtisses emblématiques, avec de nouvelles manifestations culturelles. Concerts, cinémas en plein air et conférences ont alors eu lieu avec « Les Semaines médiévales au vieux Colmar ». Pendant des années, les concerts se sont multipliés, notamment durant l’été dans la chapelle Saint-Pierre du lycée Bartholdi, dotée d’une bonne acoustique. En plus de 70 ans d’histoire, le Festival de Pâques a ainsi connu de nombreuses moutures.

C’est en 2004 que l’association Les Musicales, héritière de cette longue histoire culturelle colmarienne, a commencé à proposer un festival annuel de musiques de chambre. Son principe : une dizaine de concerts mêlant grands solistes internationaux et talents locaux, le tout dans les lieux historiques de la ville. Cette année, 12 concerts vont se succéder sur 17 jours. Et l’objectif n’est pas simplement de faire de l’art. Non, les organisateurs revendiquent plusieurs missions: « Nous voulons satisfaire les connaisseurs et les amateurs, mais aussi la jeune génération. On veut essayer de casser cette image de culture élitiste », affirme Audrey Barrieres, administratrice du festival. Pour ce faire, ils misent en partie sur une politique tarifaire accessible, afin de favoriser la venue des écoles et des familles. C’est également pour cela que de jeunes musiciens se produiront : « Un festival peut participer à l’insertion professionnelle. Voilà pourquoi nous travaillons avec les conservatoires de Strasbourg, de Mulhouse et de Saint-Louis, et organisons des masters class », ajoute-t-elle. Enfin, pour séduire tout un chacun, la programmation se veut éclectique, traversant les époques et les genres. Elle a été élaborée avec le directeur musical, en place depuis 2004. Un violoncelliste reconnu, professeur au Conservatoire National Supérieur de Paris et natif de Strasbourg : Marc Coppey.
Le violon à l’honneur
« J’ai un attachement très fort à ce festival, à ma région aussi. Ma présence, c’est une histoire de musique, de racines et d’amitié », exprime-t-il. Le professionnel a participé à la refonte après-Covid de l’événement : « Il a existé sous plusieurs formes. Depuis 3 ans, nous avons imaginé une nouvelle formule en devenant le Festival de Pâques de Colmar ». Néanmoins, comme en témoigne le programme, il est demeuré fidèle à ses valeurs d’antan, à savoir la diversité des répertoires, de la musique ancienne à la contemporaine, de la musique symphonique, vocale, aux récitals solos. Cette année ne fait pas exception. Il démarrera le 4 avril matin par Un petit samouraï mais un samouraï quand même, un conte musical en kamishibaï. Les jours suivants, le violon et le violoncelle seront à l’honneur, avec Marc Coppey bien sûr, mais aussi avec Gaëlle Spieser, Mathilde Nguyen, et d’autres immenses musiciens tels que Sayaka Shoji, le 18 avril.
Le directeur musical jouera d’ailleurs avec son fils, Emmanuel, le 19, pour un concerto de Brahms. Et le dernier jour sera marqué par la musique de chambre du quatuor Van Kuijk. « C’est un peu comme un menu : chaque concert peut être pris séparément, mais le programme est équilibré pour donner envie au public d’assister à tous », s’enthousiasme-t-il. De la diversité, sans occulter pour autant les classiques, voilà ce qui semble être le fil rouge de cette édition.
Et, parce qu’une vie n’est pas assez pour explorer la musique, ce festival est un bon point de départ, « un voyage dans la diversité, une fête. Nous en avons besoin plus que jamais, dans ce monde agité », conclut Marc Coppey.
L’info en plus
Le prix d’une place pour un concert du festival de Pâques peut aller de 5 à 55 euros : https://www.festivaldepaques-colmar.com