Ma relation à la religion a longtemps été tissée de défiance et de malentendus. Je la voyais moins comme un appel à l’amour et à l’altérité que comme un prêt-à-penser rigide, davantage enclin à ériger des murs entre les âmes qu’à ouvrir des chemins de fraternité. Certaines rencontres, cependant, sont venues ébranler cette posture, m’enseignant qu’une foi véritable peut élever plutôt qu’enfermer, ouvrir plutôt que cloisonner. Et s’il est un être qui incarne à mes yeux la pratique religieuse dans son essence la plus noble, la plus pure et la plus libre, c’est bien Arnaud Stoltz. Cet homme d’Église ne prêche pas, il éclaire. Il n’impose rien, mais invite à croire de nouveau, en l’humain, en la tendresse d’un geste, en la force invisible du lien. Chez lui, la foi n’est ni un étendard ni une armure : elle est une présence silencieuse, une flamme intérieure qui éclaire sans brûler. Arnaud incarne cette tendresse du divin qui ne tonne pas, mais murmure au cœur du vivant.
L’appel d’une vie
Issu d’une enfance ancrée entre Reichstett et Strasbourg, nourrie par les racines robustes de l’Alsace et la chaleur solaire d’une nourrice pied-noire, Arnaud a très tôt entendu un appel intérieur. Non pas celui de juger ou de convertir, mais celui de devenir une pierre d’appui pour les âmes fatiguées, une lumière discrète pour les pas hésitants :
« Je savais que je réussirais ma vie si je devenais un roc sur lequel d’autres pourraient s’appuyer », confie-t-il avec humilité. Son chemin n’a pas été linéaire. Écolier moyen, étudiant en école de commerce un peu désabusé, il aurait pu suivre la voie toute tracée d’une carrière brillante. Mais un soir, à Londres, en entendant un jeune homme prêcher la bonne nouvelle avec une intensité vibrante, son cœur s’est embrasé. C’était là, au carrefour du sensible et du spirituel, qu’il voulait se tenir.
Ouvrir plutôt que fermer
Arnaud choisit alors la théologie, non comme un carcan de certitudes, mais comme une quête. Il refuse une foi qui enferme. Pour lui, la religion n’est pas une frontière : c’est un pont. « Le Christ est venu pour abolir les murs, pas pour en construire »,
répète-t-il, fidèle à cette vision d’une spiritualité vivante, incarnée, résolument tournée vers l’autre. De cette conviction naît un projet révolutionnaire : Nootoos. À Saint-Pierre-le-Vieux, Arnaud ne se contente pas de « faire Église », en multipliant les offices ou les projets. Il cherche à être Église : un lieu vivant, vibrant, où la foi se fait accueil, cheminement, lien fécond entre les âmes. Plus de 450 projets, de l’art à la méditation, de la redécouverte du yoga aux contes sonores, ont vu le jour dans cet écrin hors norme. Pas de dogme, pas de prosélytisme. Juste la foi, discrète mais profonde, où l’ouverture est semence, où la confiance est sève, où la vie renaît, inlassablement, là où on lui offre un berceau.

À la rencontre de notre histoire commune
Fidèles à leur mission de réenchantement, Arnaud et son équipe portent aujourd’hui Explore Strasbourg : un projet immersif qui invite à voyager au cœur de l’histoire de la ville. Au gré des aventures d’Arthur et Romy, un couple franco-allemand embarqué à bord d’une montgolfière d’un nouveau genre, les spectateurs remonteront le fil du temps et s’émerveilleront devant les grandes heures de Strasbourg, projetées sur les murs de l’église Saint-Pierre-le-Vieux. Pour faire éclore ce rêve, l’équipe cherche à réunir les derniers 250 000 euros nécessaires, chaque minute de film représentant un coût de
7 000 euros. Avec cette fresque historique, Arnaud Stoltz entend donner vie à une conviction profonde : nous appartenons à une histoire plus vaste que nous, et c’est en la redécouvrant que nous apprenons à mieux habiter notre présent, ensemble.
Renouveler les chemins du vivant
Pour Arnaud Stoltz, la foi n’a de sens que si elle s’incarne dans la relation : « On ne peut pas prêcher devant des bancs vides », aime-t-il rappeler. La spiritualité, à ses yeux, n’est pas un exercice solitaire ou une simple répétition de rites : elle est rencontre, accueil, renouvellement du vivant. Son chemin l’a ainsi conduit là où l’espérance vacille : auprès des détenus, de ceux que la société relègue à ses marges. Là encore, Arnaud n’est pas venu prêcher une vérité, mais tendre une main, ranimer des étincelles, croire que nul n’est définitivement perdu.
À travers ces expériences, il forge une vision singulière de l’Église : non pas un édifice figé, mais un lieu animé qui respire avec le monde, qui s’ajuste, qui ose se réinventer pour mieux relier.
La foi comme respiration
Chez Arnaud Stoltz, la foi n’est pas un refuge contre le doute. Elle est une respiration, un chemin, une manière d’embrasser la complexité humaine sans chercher à l’effacer. Il ne s’agit pas d’être parfait, mais intensément vivant : « Je crois que Dieu nous appelle non pas à devenir des anges, mais à embrasser pleinement notre humanité », dit-il dans un sourire qui éclaire. Face à un monde parfois tenté par la peur et le repli, Arnaud incarne cette force tranquille qui invite à rouvrir les portes, à croire en la beauté, en la bonté, en la possibilité du lien. Il nous rappelle que mettre du sens au cœur de nos existences est sans doute l’acte le plus urgent et le plus fécond de notre époque. À Saint-Pierre-le-Vieux, à Strasbourg, dans le bruissement d’un projet, dans l’éveil d’un regard ou d’une conscience, une nouvelle spiritualité est à l’œuvre : libre, vibrante, ouverte. Celle d’un homme qui, humblement, nous invite à redevenir vivants.