Un mot sur votre enfance dans le Sundgau ?
Je suis la dernière d’une famille de six enfants. Je suis toujours très attachée à mes origines, à mon Sundgau natal même si je suis la seule de la famille à être né à Altkirch, les autres étant originaires de Strasbourg et de la vallée de Masevaux.
Je suis très attachée au caractère des Sundgauviens, à la carpe-frites… J’ai tellement de bons souvenirs là-bas.
Vous étiez une enfant plutôt extravertie ou plutôt timide ?
J’ai le sentiment d’avoir été une enfant heureuse, un peu extravertie quand même, plutôt déléguée de classe et bonne élève. Je prenais des cours de piano, j’étais capitaine de mon équipe de volley-ball. On peut dire que j’ai toujours été responsable.
Vous êtes issue d’une famille nombreuse, vous avez été avocate puis femme politique. Vous avez toujours consacré votre vie aux autres ?
Je viens d’une famille où le repas du dimanche tournait autour de la politique. On parlait de la paix dans le monde, des conflits. Mon père était engagé, mon oncle était député.
L’intérêt public et les problèmes sociaux se sont toujours invités à nos repas de famille. J’ai été élevée avec l’idée que l’intérêt général était plus important que tout, y compris la vie de famille. Mon papa n’était jamais à l’heure aux repas parce qu’il était dans son canton, à une manifestation, à une assemblée générale, à une réunion.
Vous avez fait vos études de droit à Strasbourg avant de devenir avocate ?
Oui, et j’ai travaillé à Mulhouse, mais surtout à Colmar. J’étais très heureuse dans mon métier, j’étais présidente de l’Union des jeunes avocats de Colmar. Mais, très vite, je me suis engagée dans mes premières campagnes, notamment avec les législatives d’Edmond Gerrer en 1993 puis, en 1995, les municipales. Nous étions tous derrière la candidature de Brigitte Klinkert. J’étais présidente des jeunes démocrates sociaux et c’est comme ça que j’ai été prise sur la liste d’Adrien Zeller aux élections régionales de 1998.
C’était donc le début de votre carrière politique.
Oui, mais je me suis toujours battue, on ne m’a jamais rien donné. Dans toute ma carrière politique depuis 1998, j’ai le sentiment d’être allé chercher ma place avec les dents. Je n’ai jamais gagné d’élection, j’ai toujours été élue au niveau local, mais je me suis toujours battue pour obtenir des responsabilités.
Comment une femme s’imposait-elle dans le milieu politique il y a 25 ans ?
C’était compliqué, en plus je me suis mariée en 1999, à peine élue. Rendre sa vie de famille compatible avec la politique, ce n’était pas facile à l’époque. J’étais la première femme enceinte au conseil régional d’Alsace ! Ils n’avaient jamais connu une élue avec un bébé et j’ai dû faire modifier le règlement intérieur pour avoir un petit congé maternité, parce que nous n’avions notre rémunération qu’en fonction du nombre de réunions auxquelles nous étions présents. J’avais besoin de rester proche de ma famille et c’est la raison pour laquelle j’ai arrêté ma carrière d’avocate à la naissance de ma deuxième fille.
Pour revenir sur Adrien Zeller, vous dites souvent que c’était votre mentor. Pourquoi ?
C’était un peu un père politique, au-delà de ma propre famille. Il nous apportait une vision de l’Alsace, une façon d’aménager le territoire. Il y avait Henri Goetschy aussi. C’étaient des hommes inspirants qui vous donnaient envie de vous engager pour faire changer les choses.
La politique est aussi une histoire de communication et, vous aussi, vous excellez dans le domaine.
Ce qui m’a toujours animée c’est mon amour pour les gens. Ça peut paraître naïf dit comme ça, mais c’est vraiment mon moteur politique. J’ai le sentiment d’être à leur écoute et j’ai découvert dans les réseaux sociaux une facilité du contact personnel. Je gère moi-même mes comptes. C’est une façon d’être ouverte et transparente. On peut discuter de tout, de politique, mais aussi de thèmes plus personnels.
Comme du décès de votre chien par exemple ?
J’ai beaucoup hésité, mais avec lui, c’était vraiment une grande histoire. C’était un animal très empathique, et j’ai pu l’accompagner jusqu’à son dernier souffle. Je suis sur tous les sujets quand il s’agit du bien-être animal. Je m’occupe de la SPA de Colmar.
Votre autre grand combat municipal c’est le bilinguisme !
C’est le combat que j’ai porté sous le mandat de Gilbert Meyer. Quand je suis arrivée, il y avait 3% de classes bilingues à Colmar, aujourd’hui c’est 30%. On est la plus française des villes alsaciennes, la ville d’Hansi. Je me suis vite rendu compte que développer le bilinguisme ici allait être compliqué. J’y suis arrivée, en travaillant efficacement et simplement, en mettant à égalité les inscriptions monolingues et bilingues.
Aujourd’hui, vous êtes en charge de l’urbanisme. C’est aussi quelque chose qui vous réussit ?
Je suis une femme de projets. Quand il faut imaginer Colmar dans 5 ou 10 ans, imaginer l’aménagement du territoire, j’aime ça. Je suis très bien dans cette délégation parce que j’ai envie de voir loin, j’ai des idées pour la ville.
Quelle réussite vous rend fière ?
Il y a beaucoup de choses dont je suis fière, mais, bien sûr, le développement des classes bilingues, l’aménagement de la Place de la Cathédrale après toutes ces réunions et le dialogue avec les associations, les commerçants, les riverains, le conseil des sages.
Et, au contraire, la chose dont vous êtes le moins fière ?
Vous connaissez un politique qui est capable de vous avouer ce dont il n’est pas fier (rires) ? Je suis comme tout le monde, j’ai eu des déceptions, tout n’a pas fonctionné. J’ai connu des défaites électorales, avec François Bayrou, avec Yann Wehrling aux régionales…
Comment résumer votre parcours politique en quelques mots ?
La politique est dans mon sang. J’aime les gens, j’aime les projets, j’aime Colmar. J’aime voir ma ville évoluer. Le Maire disait dans son interview pour Maxi Flash qu’il avait de l’instinct, moi je pense que j’ai de l’intuition.