Les grandes enseignes se nomment Dessange, Jean-Louis David, Camille Albane. Par habitude ou par facilité difficile d’y échapper. Au moins dans les centres urbains, parce qu’au-delà, peu s’offre à qui vit en ruralité. Pas commode pour des femmes, des mères, des hommes désireux de trouver un équilibre entre travail, vie de famille, âge avancé et soin de soi. Lorsque Stéphanie Rothenflue choisit de se reconvertir dans cette branche après un passage en Suisse, elle a déjà son idée à l’esprit : coiffer au plus près de ces gens et y ajouter quelques services, comme la prothésie ongulaire.
CAP, Brevet Pro, Brevet de Maîtrise, la jeune coiffeuse reprend ses études, multiplie diplômes et alternances, monte son dossier visé et accompagné par la Chambre des Métiers de Colmar, l’association Réseau Initiative Colmar ou d’autres comme France Active, jusqu’à l’obtention d’un prêt garanti à 80% pour les jeunes entrepreneuses. Un prêt « sécurisé » qui lui permet de débuter concrètement son aventure.
Mairies et futurs mariés aussi sont séduits
Stéphanie investit dans l’achat d’un camping-car que, de mars à juillet, son père, son beau-père et son conjoint rénovent, transforment pour y assurer un confort d’exercice qui n’a rien à envier aux plus prestigieuses enseignes du secteur : bac de rinçage, grand miroir, fauteuil massant, espace soins, rien ne manque. Sa belle-sœur, elle, dessine le logo de Beauty Van, le nom qu’elle a choisi, s’occupe de la partie com’ sur les réseaux. « Presqu’une entreprise familiale », sourit la jeune entrepreneuse qui désirait elle aussi concilier vie de mère et professionnelle.
En août dernier elle se lance. Le bouche-à-oreille produit ses premiers effets auprès d’une clientèle rurale de proximité. Des enfants, des femmes de 30 à 40 ans, et quelques personnes âgées se pressent, se prennent au jeu et savourent l’élégance de l’idée et de leurs coupes. Certaines mairies aussi, rapidement, envisagent la continuité, et d’ouvrir un créneau régulier à Stéphanie, sur une place de village, pour la demi-journée ou son entièreté, comme déjà à Zellenberg. De futurs mariés s’intéressent aussi à la démarche : se faire, beau élégant à quelques mètres de là où ils s’échangeront leurs vœux a quelque chose de séduisant. Parce que tout ici a trait à l’élégance : du travail réalisé qui sublime le client et « émerveille » les enfants, à ce lien, cette proximité retrouvée au plus près des siens et de vies que Stéphanie se refuse à laisser isolées.
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