Qu’est-ce qui vous a poussé à interpréter le rôle d’Alice Milliat ?
Karen Chataîgner : En 2021, j’ai rencontré une sociologue du sport, Béatrice Barbusse, qui m’a proposé d’écrire pour l’inauguration d’une statue d’Alice Milliat à la maison du sport à Paris. En le faisant, je me suis dit que ce biopic pourrait être intéressant pour une pièce de théâtre.
Ce n’est pas un rôle facile à interpréter !
Je ne sais pas s’il y a des rôles faciles à interpréter, mais c’est un rôle poignant. Ce qu’elle a vécu est assez fort. Quand j’interprète quelqu’un, je suis forcément chargée de la personne, de toute l’histoire et de la documentation que j’ai cherchées. C’est comme si je la connaissais, j’ai beaucoup de respect pour la personne que j’incarne, mais en même temps il y a ma patte dans le spectacle.
Comment réussissez-vous à transmettre son histoire ?
Je raconte sa vie, celle qu’elle a vécu à partir du moment où elle est arrivée à Paris en 1907. À l’époque, les médecins disaient que si une femme courait, elle mourrait. Alice Milliat s’y oppose et décide de prouver le contraire. Elle organise des réseaux de clubs féminins pendant la Première Guerre mondiale, une résistance sportive. Elle a créé une fédération qui lui a permis d’organiser les premiers Jeux olympiques féminins.
C’est toujours un sujet d’actualité ?
Oui. J’ouvre des débats à la fin de mes spectacles, des rencontres bord plateau ou des moments de réflexion. Ce biopic est une réflexion sur l’impact du sexisme dans les organisations et pourquoi, en 2023, 92% des filles qui font du sport pratiquent encore la gymnastique ou la danse. C’est un texte qui pousse à la réflexion sur l’histoire d’Alice Milliat : pourquoi elle l’a vécue, et pourquoi ça existe encore ?