« Quelle émotion procure une œuvre ? Que se passe-t-il lorsqu’on la regarde ? Est-ce de l’indifférence, de la répulsion, un coup de cœur ? C’est ça l’important ».
Pour Valérie Audet, le reste n’est que peu de choses. Nul besoin d’être expert en art pour savoir l’apprécier. Dans la galerie qu’elle a ouverte en 2012 avec son époux Pierre, cette spécialiste en art contemporain et férue de Street art n’en démord pas : peu importe sa situation sociale ou son âge, chacun doit pouvoir exprimer ce qu’il ressent au travers d’une œuvre. « Une fois que l’on a compris cela, un dialogue avec l’artiste peut s’engager », sans autre entrave. Ce message, Valérie prévoit de le diffuser bientôt un peu plus loin encore, auprès d’enfants de 7 à 15 ans : « Il est important qu’ils comprennent qu’ils ont le droit de ne pas savoir. Que leur émotion non académique, leur premier ressenti face à une œuvre peut ouvrir le débat et valoriser leur parole ».
Des artistes majeurs accessibles à tous
Cette démarche, des jeunes colmariens, collégiens ou lycéens, s’y sont déjà exercés à la galerie. Entre deux cours, certains ont pris l’habitude de franchir la porte pour découvrir, échanger, approfondir, sous le regard bienveillant de Valérie et Pierre. Certains ont découvert le mouvement CoBrA particulièrement influant mi-vingtième.
D’autres se sont ouverts aux photographies du Français Philippe Shangti, aux sculptures du lorrain Jean.No, ou aux toiles de l’artiste d’origine chinoise Yan Pei-Ming.
Acquérir les œuvres de ces artistes majeurs est une autre part du travail de Valérie et Pierre. « Pour la partie contemporaine, cela passe par un long travail de recherche, de rencontres, de mobilisation de notre réseau », témoigne Valérie. Cela a aussi un coût, bien sûr, mais, « c’est pour nous un engagement essentiel tant envers l’artiste qu’envers nos clients. Quand l’artiste se sent soutenu et accompagné sur des salons, quand le client sait que vous avez vous-même investi financièrement dans les œuvres, cela en dit long sur le sérieux de votre démarche ». Ce point séduit d’ailleurs jusqu’aux fondations et entreprises clientes du couple, désireuses de rendre l’art accessible à leurs salariés ou à un public plus varié, et dont le regard n’aura d’autre filtre que leurs propres émotions partagées.
Christophe Nonnenmacher