lundi 9 décembre 2024
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Anthony Fleischer – Dans la peau de Hansi

Jean-Jacques Waltz a marqué l’histoire de l’Alsace. Homme dur en affaires et artiste accompli, celui qui est plus connu sous le nom de Hansi ou Oncle Hansi, a su traverser les époques grâce à ses œuvres. Le célèbre Colmarien a son musée dans sa ville natale, un établissement dirigé avec passion par un homme de 36 ans : Anthony Fleischer.

Vous êtes un passionné de l’Oncle Hansi ?

Oh oui, bien sûr ! Je suis le président de l’association du musée Hansi, qui gère et exploite la partie muséographique du musée. J’ai toujours mangé dans des assiettes Hansi chez mes grands-parents (rires). Hansi, c’est un peu la Tour Eiffel alsacienne. Les étrangers ne connaissent pas Jean-Jacques Waltz, ils ne connaissent pas forcément l’histoire de l’Alsace.

Cependant, quand ils voient la Gardeuse d’Oies de Hansi, ils savent qu’on est en Alsace. Finalement, ce musée, c’est lier passion et travail. Pour vous dire, je peux passer de longues minutes sur une seule œuvre, elles sont toutes tellement bourrées de détails. C’est varié au point, qu’en fonction des époques, on sera plutôt sur de l’art publicitaire, puis sur une étiquette de vin, ou une aquarelle, ou encore sur une enseigne. La diversité de son travail fait que c’est sans fin.
Pour moi le musée, c’est plus qu’une passion, c’est le point de départ de ce que je fais aujourd’hui. J’ai une anecdote qui me fait très plaisir : quand on a accueilli l’exposition du peintre Georges Ratkoff, il a fait l’affiche de l’exposition. Dessus, il a dessiné ma femme, mes enfants et mon chien, qui rencontrent Hansi devant le musée. J’ai trouvé que c’était un beau résumé des années passées ici.

Justement, racontez-nous la création du musée ?

On a créé le musée fin 2015, à trois à l’origine : Steve Risch, Yannick Scheibling et moi-même. Aujourd’hui, ces personnes sont toujours membres et font vivre le musée. On l’a implanté à Colmar parce que Hansi est né et mort ici. Historiquement, il y avait déjà un musée, à Riquewihr, mais on l’a en quelque sorte délocalisé à Colmar. Hansi devait avoir le sien à Colmar. Quand vous vous baladez dans cette ville, vous avez du Hansi un peu partout. Dans les restaurants avec les assiettes. Sur les cartes postales dans les boutiques touristiques. Et c’était important pour nous de fixer un lieu qui raconte l’histoire de ce personnage-là. Notre musée, je le résume comme ça : « Montez et venez voir. Ne vous limitez pas à ce que vous voyez sur les cartes postales ».

La partie boutique du musée propose de nombreux produits dérivés. / ©Dr
De quoi vit le musée ?

L’association ne vit que de ses entrées. Nous avons également un magasin, qui nous permet de proposer des choses différentes. Un musée seul, ça aurait été plus compliqué. La partie boutique nous permet notamment de faire des expositions temporaires, ce genre de choses, qui seraient irréalisables si nous n’avions que les entrées. Il y a également la vente de lithographies de Hansi. Par exemple, nous avons des lithographies en double ou en quadruple.

On les met en vente, ça nous permet de récolter des fonds. Comme ça, le jour où il y a des ventes tierces d’aquarelles par exemple, nous avons les fonds nécessaires pour acheter. Sinon, les dons, on les prend aussi, et avec grand plaisir (rires). Après, me concernant, le musée Hansi c’est une passion, ce n’est pas un métier. À côté, je fais du commerce.

D’où viennent les visiteurs ?

Nous avons beaucoup d’Alsaciens, c’est déjà une bonne chose ! On a des Français, pas mal de frontaliers, et des personnes venant loin : du Japon, de Corée du Sud, de Chine, du Canada… Là où je suis très content, c’est quand un Alsacien senior me dit : « Je ne savais pas que Hansi avait fait tout ça ». Ça fait plaisir. Mais il y a vraiment un brassage, nous n’avons pas de visiteur type.

Donc il y a aussi des jeunes ?

Oui. Les seniors c’est surtout pour découvrir de nouvelles choses, mais ils connaissent déjà Hansi. Les visiteurs plus jeunes, c’est vraiment pour découvrir aussi l’histoire alsacienne. On a vraiment deux visions différentes des choses. Et l’histoire de l’Alsace, c’est un peu l’histoire de Hansi. Mais dans le même temps, je pense qu’une petite partie de son histoire se perd chez ces nouvelles générations. Alors qu’il ne faut pas l’oublier, parce qu’indirectement, sa vie, c’est le reflet de l’évolution de la région. À travers ses œuvres, on voit quand le territoire est allemand, puis est redevenu français. Évidemment, il faut tout remettre dans son contexte, notamment pour les caricatures d’Allemands et de Prussiens.
Mais tout ça permet aussi de ne pas oublier ce qu’il s’est passé chez nous dans le temps. C’est important.

« L’histoire de l’Alsace, c’est
un peu l’histoire de Hansi. »

On connaît principalement Hansi pour son livre Mon village : Ceux qui n’oublient pas. Mais il n’était pas que ça ?

C’est exact. Donc le but du musée, c’est vraiment de montrer aussi ses autres aspects, comme la partie aquarelliste par exemple. Il a fait deux écoles importantes dans sa vie, dont l’école textile, où on lui a appris à toujours rester propriétaire de ses dessins.
Ce qui fait qu’en affaires, il savait ce qu’il voulait et il était assez dur. Certains échanges de courriers sont assez sympathiques (rires).

Et comment avez-vous prévu de mettre le musée et Hansi à l’honneur prochainement ?

Alors en ce moment, à l’entrée, on a créé un petit univers pain d’épices. Une façon de mettre à nouveau l’Alsace à l’honneur. Une autre idée serait de prévoir de nouvelles expositions temporaires, sur des choses un peu plus fun. À ce propos, petite exclue : j’aimerais utiliser des thématiques de Hansi, mais les rendre plus attractives, avec peut-être du street art sur ces mêmes thèmes. En résumer, mélanger deux époques sur un même sujet, comme la potasse d’Alsace, la Collégiale Saint-Martin de Colmar…
Ça permettrait de voir à la fois la vision de Hansi, et la vision moderne. En prime, ça permettrait de faire connaître certains artistes alsaciens.

Le musée Hansi expose nombre d’œuvres de Hansi portant sur Colmar, sa ville natale. / ©Documents remis
Hansi avait, paraît-il, un sacré caractère. Vous confirmez ?

C’est vrai, on ne le connaît pas forcément pour sa sympathie.

Terminons avec un mot, celui qui qualifie le mieux ce musée…

C’est facile. Très facile : Alsacien.

Le chiffre 

1000 : En m², c’est la surface totale occupée par l’association du musée Hansi, dont 350 de boutique et 200 de musée.

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