lundi 20 mai 2024
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Pascal Moulin – Contre vents et marées

Pour vivre une fin de saison intense et sauver sa place en National 2, le SR Colmar a appelé un entraîneur expérimenté qui a passé presque un quart de siècle sur les bancs du football français. L’histoire a commencé comme dans un rêve avec deux victoires, un scénario fou et un but vainqueur dans les dernières minutes face au leader Furiani-Agliani. Pascal Moulin défend une certaine idée du football, avec un caractère bien trempé, il n’est pas Breton pour rien. Il nous a ouvert la porte de son vestiaire personnel. Les voyants sont… aux verts de Colmar, même si la défaite lors du 3ème match du coach a été difficile à encaisser pour le club.

Je suis très heureux de vous rencontrer juste après cette première victoire à domicile contre Furiani, un match fou avec un scénario magnifique face au leader, vous ne pouviez pas imaginer ce scénario ?

Je l’imaginais, mais de là à le vivre, il y a un pas de géant. Grâce à l’état d’esprit affiché depuis mon arrivée et le travail mis en place par l’ensemble du staff et l’ensemble des joueurs surtout, nous avons bien démarré l’année avec cette première victoire à l’extérieur et ce premier match victorieux à domicile. C’est sûr que cela fait du bien aux têtes, cela fait du bien au club. Maintenant, il faut rester lucide et mesuré, nous sommes encore loin d’avoir atteint l’objectif qui est le maintien. On va dire que c’est une rampe de lancement, nous ne sommes pas encore dans les étoiles.

Vous avez derrière vous un long parcours d’entraîneur, vous savez très bien que ce n’est pas parce que l’on gagne face au leader du Championnat que l’on va battre toutes les équipes !

Ça n’empêche pas d’avoir des objectifs et des rêves élevés, mais il faut le faire avec beaucoup d’humilité. On a pris le bon chemin, mais il sera long.

Comme entraîneur, vous êtes passé par toutes les couleurs de l’arc-en-ciel !

Presque. Ce qui me manque, c’est d’aller toucher le monde professionnel, j’ai le diplôme et l’expérience pour.

Pascal Moulin, toujours proche de ses joueurs. / ©Dr
Cela signifie qu’a priori, comme Colmar n’a pas tout à fait le profil pour devenir un club professionnel dans les cinq ans, vous ne serez que de passage en Alsace ?

Non, pas du tout, j’ai toujours eu envie d’entraîner un jour un club professionnel, mais cela ne veut pas dire que ma mission à Colmar s’arrêtera au bout de quelques mois. Je suis d’abord là pour une mission précise, le maintien, je me concentre là-dessus, et on verra pour le reste. Il m’est arrivé de signer un an dans un club et d’y rester cinq ans, je suis même resté neuf ans à Jura Sud. Colmar est une ville importante, quand je vois certains clubs ancrés dans le Championnat de ligue 2, je me dis que tout est possible. Mais cela dépend de comment on prend le temps de faire les choses, comment on trouve les moyens pour atteindre des objectifs élevés. Je ne vois pas pourquoi Colmar n’aurait pas un jour cette ambition-là. Il doit se structurer, et surtout se professionnaliser. Moi, j’ai toujours eu l’âme d’un bâtisseur.

Vous êtes arrivé dans la ville natale d’un certain Guy Roux que vous avez bien connu à Auxerre, lorsque vous étiez joueur, c’est important ?

Oui, et le 18 mai pour notre dernier match, on reçoit l’AJ Auxerre. J’espère qu’on sera maintenu et que l’on pourra inviter Guy Roux, cela serait vraiment sympa.

Quel est votre plus beau souvenir d’entraîneur de football ?

Il y en a beaucoup, mais disons à chaque fois qu’il y a eu une montée ; ce sont vraiment des moments particuliers. Après, sur l’ensemble de ma carrière, c’est plutôt la reconnaissance des joueurs. Cela fait bientôt 24 ans que j’entraîne et j’ai toujours des contacts avec eux, partout où je suis passé. Même si parfois, les choix sont difficiles à faire, que certains jouent et que d’autres pas, quand je vois le nombre de messages que j’ai reçu lorsque j’ai signé à Colmar et après les deux derniers matchs, je me dis que l’entraîneur a peut-être aidé ces joueurs-là, mais que le rapport humain a été plus important. Cela me rend assez fier.

Lors du premier match à domicile de son nouvel entraîneur, Colmar a réussi l’exploit de battre le leader de son groupe dans les dernières minutes. Le Stadium a chaviré. / ©Dr
Comment trouvez-vous la ville de Colmar ?

Magnifique. J’étais déjà venu plusieurs fois sur les marchés de Noël et j’ai toujours trouvé cette ville sympa, très chaleureuse. J’ai eu la chance d’être très bien accueilli, je suis content d’être arrivé en Alsace, je me sens bien ici depuis un peu plus d’un mois. Mon fils a travaillé à Molsheim, il vit à côté de Strasbourg, à Lingolsheim. Être ici me permettra de le voir plus souvent. Mes enfants sont mes premiers supporters, ils sont d’ailleurs venus pour le match face à Furiani, ils l’ont vécu à 200 %, la tribune était en feu. Comme on dit, ce sont de beaux moments partagés.

Avec Jura Sud vous avez vécu de beaux moments, notamment à Strasbourg, il n’y a pas si longtemps !

Oui, en 2012. Nous avons joué à la Meinau devant 9000 personnes et nous avions marqué un but partout, c’est un bon souvenir, les joueurs m’en ont encore parlé récemment, ils se souviennent que notre petit club avait joué face au grand Racing Club de Strasbourg, même s’il était en CFA à ce moment-là. Faire un résultat en Alsace, c’était vraiment bien.

Quel est votre club préféré ?

C’est difficile à dire, il y a les souvenirs d’enfance, l’Ajax d’Amsterdam avec la bande de Yohan Cruyff, et puis le Barça avec le passage du même Cruyff comme entraîneur manager, puis avec Guardiola, et je ne peux pas oublier mon club formateur qui jouait avec la même philosophie, l’AJ Auxerre.

Et vos entraîneurs préférés ?

Les mêmes, Cruyff et Guardiola, pour moi c’est la même filière.

Votre joueur préféré ?

J’ai connu plusieurs générations, c’est dur, mais j’ai adoré Michel Platini pendant toute sa carrière, il avait une grande classe et une grande vision du jeu. Ces dernières années, la répétition des images a fait que beaucoup de gens ont aimé Ronaldo ou Messi, mais Michel Platini ou Maradona étaient tellement forts, des joueurs exceptionnels.

Et votre match préféré ? Le match de votre vie de spectateur du football ?

Celui qui m’a rendu le plus triste, parce que l’équipe était tellement forte et qu’elle a perdu, j’avais 10 ans, c’est Saint-Étienne contre le Bayern de Munich en 1976. Et puis bien sûr, celui qui m’a fait très très très mal, c’est France-Allemagne en1982 à Séville, je ne peux pas regarder les tirs au but. Les deux matchs qui m’ont rendu heureux sont la finale de l’Euro 1984, le premier titre français et la finale de la Coupe du monde 98. Moi qui voulais devenir entraîneur, lorsque j’ai vu tout ce qu’avait subi Aimé Jacquet qui est allé au bout avec ses idées, je me suis dit que c’était fort, que c’était ce qu’il fallait faire. Aller au bout de ses idées, contre vents et marées. Je trouve ça beau et digne.

C’est marrant, vous avez commencé par citer deux défaites, deux défaites sur lesquelles la France du football s’est construite…

Exactement. Les échecs font partie de la vie et du sport. On construit la réussite grâce aux échecs. Lorsqu’on a été blessé, on se prépare différemment pour gagner. Cela sert, notamment pour le supplément d’âme ; c’est avec ce genre de message que j’ai envie que l’on sorte Colmar de cette situation.

 

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