Votre frère est un danseur reconnu, mais vous aussi. La danse, c’est dans vos gènes ?
Oui on peut dire ça. En plus de Chris, il y a ma sœur. Ils ont découvert la danse un peu plus tard que moi. Mais nos parents ne sont pas là-dedans. Le papa est chanteur de fado et la maman adorait le flamenco mais ne dansait pas. Ils nous disaient : « Si vous avez envie de faire une activité, faites-la ». Alors on l’a fait, même si à l’école, il y a toujours eu des remarques. On était assez forts dans notre tête pour faire ce qu’on voulait.
Et puis, quand tu es un petit garçon et que tu vois que les filles vont à la danse, tu as vite compris (rires). Mais je dansais avec ma sœur. On s’est rendu compte que, grâce au lien familial, on avait la même gestuelle, ce qui crée le match parfait pour un couple de danseurs. Nous avons fait notre carrière ensemble. Aujourd’hui, elle s’est reconvertie dans le sport. Chris en revanche, je n’ai jamais dansé contre lui, il est parti très vite en Angleterre. Et ma fille danse aussi.
Vous avez dit avoir été le premier de la famille à vous y mettre. Quand avez-vous découvert la danse ?
À 8 ans, en 1989. C’était le grand boom de la lambada. Un jour, j’ai vu à la télévision un clip vidéo de Chico et Roberta, un homme qui dansait avec une blonde. J’ai dit à ma mère que je voulais faire pareil que lui, que je voulais danser avec une fille. Clairement, c’était l’objectif (rires). Donc elle m’a inscrit dans une école de danse. Je suis allé à un premier cours, un mercredi après-midi à 14h. J’ai démarré comme ça, sans penser à en faire un métier. Mais c’est devenu presque évident. À partir de 12 – 13 ans, je passais 15h par semaine à l’école de danse. Nos parents nous avaient créé une petite salle à la cave avec des miroirs et une sono. Alors quand on rentrait de l’école, on continuait de s’entraîner. C’était notre kiff. Adolescents, on a été 4 fois champions de France de danse latine, 8e à la Coupe du monde de salsa. Mais j’ai continué mes études avec un bac comptabilité pour avoir quelque chose au cas où, une soupape.
J’ai poursuivi la danse, mais arrêté la compétition. J’ai fini par me lancer dans des cours, tout en ayant un travail de comptable à côté. Ça a duré quelques années, jusqu’au moment où je me suis levé un matin et je me suis dit : la compta, c’est bien, mais ce n’est pas ce que je veux. Du jour au lendemain, j’ai tout quitté pour ne faire que ça. La danse. C’est plus qu’une passion, c’est un véritable moyen de m’exprimer avec mon corps.
« La danse.
C’est plus qu’une passion, c’est un véritable moyen de m’exprimer avec mon corps. »
Vous vous êtes aussi fait connaître pour vos cours en direct et en vidéo durant la pandémie.
Bien plus tard oui. Pour évoluer, je devais me faire un nom. Quand tu n’es plus dans la compétition, les personnes lambda ne te connaissent plus. Donc je donnais des cours un peu partout, j’avais des soirées salsa qui fonctionnaient super bien. J’ai commencé à organiser ça en 2004. Et je donnais des cours à Colmar dans une école. Quand le Covid est arrivé, avec le confinement, je me suis mis à faire des lives sur Facebook.
J’avais peur de n’avoir que 15 personnes, et au final, on s’est retrouvé à 100, 150, 200 ! Ça montait jusqu’à 500. Sur une des vidéos, j’ai lancé une boutade : « Franchement, on est tellement, on pourrait lancer une école de danse. Ce serait incroyable ».
Et cette boutade est devenue réalité.
Exactement. Après ma blague, j’ai reçu plein de messages positifs. Donc j’ai ouvert mon école en 2020, en plein covid. Je me suis dit, si ça marche maintenant, ça marchera toujours, et que c’était le moment de passer le cap, de concrétiser ce pour quoi j’ai toujours bossé. On a monté le projet en 15 jours, on a lancé la communication, on a fait les portes ouvertes et l’Académie a ouvert le 12 septembre 2020, à Wettolsheim, dans un local de 750 m2 de parquet, une scène, des gradins et une sono. On ne pouvait pas avoir mieux. Avant même de démarrer, on avait déjà 300 élèves. Encore aujourd’hui, des gens que je croise me remercient pour les vidéos. Ça a permis à certains de se mettre à la danse sans avoir peur du regard des autres, puis de franchir les portes d’une école. Actuellement, on en est à 600 élèves hebdomadaires et 10 professeurs. On a de tous les niveaux et de tous les âges, avec du yoga, de la salsa, de la kizomba, du street jazz ou encore du lady styles.
Maintenant, vous vous consacrez à 100% à l’Académie ?
J’ai d’autres activités à côté. Par exemple, il y a les soirées salsa – bachata devant le Café Rapp, de juin à septembre. C’est devenu un rendez-vous incontournable. L’été dernier, nous avions 500 personnes en train de danser sur la place tous les mardis soir. Ça fait du bien de se dire que je n’ai pas fait tout ça pour rien.
Devant de tels succès, on se demande ce qu’apporte la danse à ceux qui la pratiquent ?
Pour répondre, il faut dire que l’académie, c’est bien plus qu’une école. On a axé l’établissement sur le bien-être. Je donne par exemple un cours de Zumba pour adultes, avec 80 élèves, le lundi soir. Ils ont une pêche, une patate, incroyable !
Depuis l’ouverture, le nombre d’inscrits ne fait que croître. Parce que je pense sincèrement que les gens ont besoin de se reconnecter. Au quotidien, on ne voit que de la misère, de la guerre. Il y a un besoin d’évasion. Et la danse, c’est un déclencheur de bien-être, de bonheur. Les gens sortent d’une journée éreintante et ont juste envie de s’éclater. C’est comme ça que je mène mes cours. On se marre, on s’éclate, et on apprend. Quand les élèves viennent, ils n’ont pas l’air en forme. Mais ils repartent avec la banane. Souvent, ils nous disent merci.